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18 novembre 2014
Alain Lipietz

Audit financier : le débat a eu lieu…

… mais pas jusqu’au bout : l’opposition n’a pas dit comment elle s’en serait sortie. Car « sa solution » était une nouvelle hausse des impôts locaux !

La salle du conseil municipal était pleine à craquer pour la restitution publique de l’audit financier. Nous avons déjà présenté notre lecture de cet audit, réalisé par l’équipe de Partenaires Financiers, dans sa partie rétrospective comme dans sa partie prospective. Ici, après le « 4 pages » sur papier glacé du PCF et sa campagne d’affiches traitant le maire de menteur, on attendait la critique et les conclusions de l’opposition. Car la règle du jeu était claire, fixée en conférence des présidents : le débat aurait lieu en cette occasion, et pas en conseil municipal. (Il a fallu rappeler cette règle à quelques UMP non-briefés, qui prétendaient limiter le droit de parole de l’opposition villejuifoise à celui de poser des questions à l’audit).

Après un exposé assez technique mais très objectif de la part de Partenaires, on attendait donc les critiques de l’opposition. Ce fut, je dois le dire, assez pathétique.

Le développement pour rembourser ?

Sophie Taillé-Polian, socialiste, rappele d’abord qu’en face de la dette il y a des investissements. Certes ! La question est de savoir si ces investissements contribuent à rembourser la dette. Quand par exemple on s’endette de 2,1 millions pour construire une mosquée concurrente à celle existante, en quoi cela aide-t-il à rembourser la dette ? Quand on donne la priorité à la construction des logements (surtout sociaux), cela ne fait que de nouvelles obligations d’investissement (écoles, etc) et peu de recettes supplémentaires (la taxe d’habitation).

Mais de toute façon on ne peut demander à un audit financier plus que l’analyse financière. Faire venir des entreprises (ce qui est la principale source de financements futurs) : ce n’est pas dans ses cordes. C’est plutôt l’affaire du PLU : à la dernière réunion de concertation, le maire et la première adjointe, répondant à une question, ont levé un coin du voile sur ce qu’ils sont en train de négocier : faire venir des promoteurs et leur imposer des espaces d’activité en rez-de-chaussée, augmenter la taxe d’aménagement qui les concerne, faire venir des PME, développer l’économie sociale et solidaire. De ces négociations, certaines aboutiront, d’autres pas : ce n’est pas l’affaire de l’audit.

Critiques de détail

Fayçal Arrouche, l’adjoint aux finances de la précédente équipe (non reconduit sur leur liste en position éligible) prend la parole. Il a été encensé par le rapport, pour sa gestion 2008-2011 où il a fait remonter significativement l’épargne brute de la ville (ce qui sert à se désendetter et à investir). Il ne peut donc pas critiquer grand chose, si ce n’est répéter qu’il avait toute l’équipe Cordillot avec lui. Mais alors pourquoi ce dérapage de 2011 à 2014 ? Quant aux emprunts toxiques (contractés lors du mandat précédent) , il avance l’excuse ahurissante : « Personne ne pouvait savoir en 2008 que ces emprunts étaient dangereux » (sic). Il n’a jamais entendu les dénonciations de « l’économie casino », dès la fin des années 90 ?

Le conférencier de Partenaire lui répond que, sur les plus de 50 000 autorités locales françaises, il n’y en a eu que 4000 pour céder aux sirènes des emprunts toxiques de Dexia et autres banques.

Alors (soutenu par la dizaine de militants communistes) Fayçal Arrouche tente de semer la pagaille dans le débat avec la seule cartouche qui lui reste : dans sa lettre aux Villejuifois, le maire se targue d’un procès intenté à Dexia. « Mais vous mentez ! ce n’est pas vous , c’est nous ! » clame F. Arrouche. Point de détail vraiment dérisoire : ce n’est qu’une formule de rédaction. M. le Bohellec aurait-il dû écrire en toute rigueur « Sous la nouvelle majorité, la ville de Villejuif a repris l’instance initiée par la précédente » ? Broutille.

Pessimisme exagéré ?

Plus importante est l’intervention de l’actuel président du groupe communiste, Franck Périllat. Il soulève un vrai lièvre : les chiffres de l’audit prospectif sur 2014 ne sont pas les mêmes que ceux du budget supplémentaire voté en septembre ! Les différences portent sur un ou deux millions, mais quand l’épargne brute annoncée par l’audit est minuscule, ça fait une sacrée différence ! Et quant aux emprunts toxiques, il propose à la nouvelle majorité un front uni contre Dexia et contre le gouvernement qui rechignent à effacer l’ardoise. Idée à creuser, dans la logique du débat sur le « vœu bancaire » au dernier conseil municipal.

Partenaires répond avoir travaillé sur les chiffres fournis par les services de la ville. Je le crois. Les deux documents, audit et budget supplémentaire (auquel les communistes se sont opposés) ont été rédigés à quelques semaines d’écart, à un moment où toutes les maires adjointes s’échinaient à faire des économies. Et elles continuent. Bien malin qui peut dire à l’heure actuelle avec quelle épargne nous terminerons l’année 2014.

Or c’est à partir de ce pronostic qu’a été construit le discours absurde que, à la fin de 2014, les enfants villejuifois seront endettés pour 33 ans ! En fait les communistes veulent relancer leur histoire : « La situation n’est pas si grave, elle peut être rétablie au prix du sacrifice d’une dizaine de sucette par mois ». D’ailleurs plusieurs partisans de l’opposition sont entrés dans la salle avec des sucettes…

C’est pourquoi j’interviens, en tant que président du groupe L’Avenir à Villejuif-EELV. Je ne rappellerai pas ici mes critiques de cet indicateur trompeur qu’est la « capacité de désendettement » (le nombre d’années qu’il faudrait pour rembourser la dette avec la même épargne brute chaque année). Elle est normalement de l’ordre de 5 ans. A Villejuif elle était d’une trentaine d’année en 2007 et 2008, elle est tombée à 15 ans en milieu de mandant, et l’équipe Cordillot est revenue avec le budget 2014 à une trentaine d’année. Comment avait-elle fait, de 2008 à 2011, pour se désendetter un peu ? Par une politique d’austérité : en augmentant le taux d’imposition de 4,5 %, et en coupant dans les dépenses. Et comment aurait fait-elle si elle avait gagné les élections de mars 2014 ? Pareil.

Les impôts auxquels nous avons échappé

C’est ce qu’indique cette histoire de sucettes. Je décrypte : « 4,85 euros de sucettes en moins par personne et par mois, dites-vous » ? Mais par an et pour une famille de 4 personnes ça fait une augmentation des impôts locaux de 232 euros ! Ce n’est pas une bagatelle, ce paquet de sucettes, pour les petits revenus à Villejuif !

Me tournant alors vers Partenaires, je l’interroge sur la principale faiblesse de son rapport d’audit : l’oubli du Fonds de Compensation de la TVA versé par l’État, fonds qui, lui aussi, vient financer le désendettement, qui fut souvent à Villejuif du même ordre de grandeur que l’épargne brute, et dont l’Assemblée nationale vient de voter l’augmentation pour desserrer la corde autour des communes. Réponse : « C’est vrai, mais nous avons pensé que le gouvernement allait plutôt supprimer le FCTVA. » Bon, de Manuel Valls on peut en effet tout craindre, mais cela me semble un peu exagéré.

Le maire, Franck le Bohellec confirme avec force que nous ferons tout pour éviter la hausse des impôts locaux. C’est pourtant toute la tactique de M. Valls : diminuer les dotations aux villes pour les forcer à augmenter les impôts locaux et reporter sur elles son impopularité. Il ne nous reste qu’une solution : mieux gérer, pour diminuer les dépenses.

Pendant toute la fin du débat, l’opposition répète en boucle qu’il faudra au contraire augmenter les dépenses, puisque par exemple il faudra construire une nouvelle école. Le maire précise qu’il faut même en construire 3 ! Mais il soulève un nouveau coin du voile sur les négociations en cours : financer deux de ces écoles sur les fonds de la rénovation urbaine. Il n’en reste pas moins que, pour l’opposition (communiste en tout cas : les autres ont l’air un peu effrayés), il n’y aurait donc pas d’autre solution que d’augmenter à nouveau les impôts, dès 2015.

C’est pourquoi Franck le Bohellec conclut par un panorama saisissant des économies que nous réalisons déjà en renégociant à la baisse le prix de tous les contrats. C’est là que se trouvaient les « marges de manœuvres »… comme tous les Villejuifois s’en doutaient depuis des années.

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Commentaires

7 Messages

  • Laurent 18 novembre 2014
    20:54

    Merci à nouveau pour ce compte-rendu complet. J’ai dû partir en cours de route, après le coup de sang de l’ancien Adjoint aux finances. J’ai tout de même l’impression que dès le début de la soirée il a été indiqué qu’il n’y aurait pas de débat, juste une séance de questions-réponses ?

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    • Alain Lipietz 18 novembre 2014
      23:08

      En effet, mais ce n’est pas ce qui avait été décidé en conférence des présidents. Et, en conseil municipal, le maire a re-précisé plusieurs fois que le débat sur l’audit aurait lieu ici. Donc c’est ce qui s’est passé et cela a tourné , comme prévu, à l’avantage de la nouvelle majorité.
      Ce qui m’a frappé dès le début, c’est d’ailleurs le manque de combativité et simplement de présence des partisans de l’ancienne majorité (quand on compare par exemple au premier conseil municipal, aux Esselières). Visiblement la légitimité a changé de camp ;-)

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      • villejuif 2020 19 novembre 2014
        10:09

        La légitimité, elle s’obtient par les élections. Donc, à partir du moment où vous avez été élu, vous êtes légitime. Comportez-vous donc comme un élu en responsabilité et non plus comme un éditocrate observateur attentif de la ville de Villejuif. Cette page est tournée, vous n’êtes plus dans l’opposition.

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        • Alain Lipietz 19 novembre 2014
          16:15

          Merci de cette reconnaissance un peu tardive. Mais, quoique gens d’action, nous ne cesserons pas d’être observateurs attentifs de la ville de Villejuif. L’action à l’aveuglette, très peu pour nous.

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          • villejuif 2020 19 novembre 2014
            16:50

            Ce n’est pas tardif. Vous avez toujours été légitime. Cela n’empêche pas de trouver votre début de mandat mauvais.

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        • CHAUVIN 19 décembre 2014
          13:27

          L’INDE est la plus grande démocratie du monde me laisse perplexe,ils ont voté et puis ça y est ,HITLER est arrivé au pouvoir par les élections ce fut donc un démocrate je pense que la démocratie mérite mieux que le triste spectacle du mercredi 17 décembre ou le démocrate UMP LE BOHELLEC sans complexe a voulu gommer une page de l’histoire en débaptisant la place Georges Marchais,mais l’Histoire hélas se répète et ce genre de comportement ne représente que les prémices de la confiscation de la démocratie au nom de la légitimité,je comprends mieux les abstentionnistes ou ceux les 29 qui pourront dire un jour qu’il n’ont pas voté puisqu’il n’y ont pas été invités par Le Bohellec qui en a déduit qu’ ils etaient d’accord,drole de démocratie que celle du baillon.

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      • CHAUVIN 19 décembre 2014
        14:12

        Moi aussi je suis d’accord ils sont nuls d’ailleurs avec 4 scénarii pour le prix d’un le débat d’orientation budgétaire pour les 6 prochaines années qui se tient en général en septembre est reporté au mois de février 2015 et peut etre le vote du budget 2015 pour le mois de ... ,mais comme tout se perd rien ne se crée,peut etre que le bilan de cette mandature sera peau de chagrin

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