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10 novembre 2014
Alain Lipietz

Conseil municipal du 7 novembre : péroraisons autour des finances

« Petit » conseil municipal vendredi : on a fini à minuit ! (Deux heures du matin la dernière fois). Cela a demandé une incroyable autodiscipline des élus de l’UC, les ex-Cordillot ayant décidé d’occuper l’espace sonore pour indéfiniment pérorer.

Le problème, c’est que l’ancienne équipe Cordillot a complètement éclaté. Il faut donc donner la parole à chacun de ses groupes et sous-groupes sur chacun des sujets : PCF, PS (parfois 2), et chacun des coprésidents du groupe de deux élus Parti de Gauche – MRC. La palme au co-président Badel : « Je rejoins pleinement ce qu’ont dit mes collègues et n’ai rien à dire de plus »… mais tient à le dire quand même. En face, l’Union citoyenne s’astreint à rester zen pour épargner le public, quitte à piquer un petit roupillon quand le 6e intervenant de l’opposition reprend le numéro des 5 précédents. Ce qui m’est arrivé avec Mme Cordillot : j’espérais me réveiller au point suivant de l’ordre du jour, ben non, c’était toujours Madame Cordillot épuisant ses dix minutes de temps de parole.

L’audit financier

Mme Cordillot n’est manifestement plus leader. Le nouveau président du groupe communiste est Franck Périllat, homme calme et sympathique quoique perçu comme hautain et arrogant par certains. Normalement il se comporte (comme les PG-MRC, Anne-Gaelle Leydier et Marc Badel) en « républicain ». Il considère visiblement que les citoyens avaient parfaitement le droit de nous donner la majorité et que nous sommes donc légitimes à diriger actuellement Villejuif, et, comme il espère que la prochaine fois ce sera son tour, il préfère que nous laissions dans six ans une ville plutôt en bon état. Il n’hésite donc pas, en petit comité, à nous aider de ses conseils avisés. Mais quand il endosse ses habits de leader de l’opposition, aïe aïe aïe !

Dès que le maire annonce qu’il va donner la parole au maire adjoint aux finances, Philippe Vidal, pour présenter l’audit financier, Franck Périllat exige de faire une intervention préliminaire où il tire à boulet rouge sur cet audit. Et à peine Philippe a-t-il fini sa brève présentation que les socialistes et Gaëlle Leydier concentrent le tir sur l’exploitation « politicienne » que fait le n° d’octobre de Villejuif Notre Ville d’un audit dont ils reconnaissent qu’il constitue une bonne synthèse, qu’on aurait pu faire pour moins cher.

Franck Périllat reprend alors la parole, de façon totalement contradictoire avec sa première intervention, pour citer « avec étonnement » tous les passages où l’audit… parle plutôt favorablement de la gestion Cordillot. Et c’est vrai que de 2008 à 2010 la ville s’est désendettée, c’est vrai que la fiscalité n’y atteint pas des records, etc : l’audit est objectif !
Alors Franck Périllat reprend l’histoire (déjà utilisée dans l’édito du luxueux tract du PCF sur 4 grandes pages de papier glacé) du bambin qui, pour désendetter la ville, n’a qu’à se priver d’une dizaine de sucettes par mois ! Et il brandit un gros sac de chupas représentant le sacrifice annuel, tournant ainsi en dérision la minceur de l’effort fiscal à accomplir pour sortir de la crise financière de Villejuif.

Problème : nous avons justement calculé ici ce que couterait à un ménage villejuifois moyen de 4 personnes le sacrifice de ces sucettes : une hausse de la taxe d’habitation de 232 euros par an ! Le PCF a visiblement perdu de vue que le niveau des impôts à Villejuif est déjà intolérable pour bien des Villejuifois aux revenus modestes.
Mme Leydier, quant à elle, suggère plutôt de relancer une politique d’endettement : « La dette, c’est les équipements. » Certes. Elle oublie qu’aujourd’hui les banques accordent des crédits avec plus de parcimonie, à des taux beaucoup plus sélectifs qu’autrefois : plus on est endetté, plus il est difficile d’obtenir de nouveaux crédits.

Mais comme notre majorité est résolue à ne pas finir le conseil municipal à 2 heures du matin, nous nous abstenons de leur répondre. Nous rongeons notre frein.

Le changement de régime de l’assurance chômage

Cette question du « crédit » dont dispose Villejuif est au cœur du débat suivant : la réforme du régime d’assurance chômage des agents non-titulaires.

Actuellement, comme l’État et la plupart des collectivités locales, Villejuif est l’assuranvce chômage de ses anciens agents non-titulaires : c’est elle qui paie pour ses agents qui après leur départ (par démission ou non renouvellement de leur CDD) sont encore inscrits au Pole emploi. Et normalement le Pole emploi ne se préoccupe même pas de savoir qui paie leur chômage.

La veille de la réunion de la première commission en charge des finances (le 17 octobre) nous parvient un projet de délibération ralliant la ville au système général de l’Assedic : la ville dorénavant cotiserait, et ensuite l’Unedic paierait, comme dans le privé.

Jamais ce changement de régime n’a été discuté au sein d l’Union citoyenne, et nous demandons des éclaircissements sur le bilan « coûts – avantages » d’un tel changement de régime. On nous répond que théoriquement les agents en tireraient quelques petits avantages en termes de services du Pole-emploi. S’agissant de l’avantage pour la Ville, le maire adjoint initiateur de cette réforme, Philippe Vidal, répond sèchement qu’il a fait ses calculs et que ce serait comme çà, « maintenant ou jamais ». Cette précipitation autoritaire soulève l’ironie de l’opposition : « Si vous êtes si pressés de changer de régime, c’est que vous nous préparer une vague massive de licenciements une fois que ce sera payé par l’assurance chômage ! »

Finalement, en première commission, nous avons au moins obtenu l’assurance de disposer d’un bilan des deux systèmes appliqués au cas réel des 6 dernières années. Cette évaluation nous a est communiquée quelques jours avant le conseil municipal.

Il en résulte ceci. La période de 2 ans environ où nous devrons déjà cotiser au régime général (techniquement : à l’Urssaf) et où nous devrons encore indemniser nous-même les agents qui nous ont déjà quittés ou vont nous quitter (car le nouveau système ne prend le relais qu’au bout de six mois de cotisations) représente un surcout initial de 700 000 euros environ. Mais le nouveau système représente en moyenne (à masse salariale constante pour les non-titulaires) un gain de 65 000 euros par an en moyenne. Est-ce intéressant ?

Oui : gagner 65 000 euros par an pour une mise de 700 000 euros, c’est comme placer cet argent à 9% par an, on est remboursé au bout de 11 ans et après c’est tout bénèf pour la Ville. Sauf que notre ville surendettée doit faire ces deux prochaines années autant d’économies que possible. Or les maires adjointes de L’Avenir à Villejuif gèrent les « ministères des économies » : c’est à elles que revient le pénible travail de réduire les dépenses, chipotant chaque subvention de 1000 euros, chaque réparation sur nos bâtiments. Et elles n’apprécient pas du tout que, sans consultation, on leur colle 700 000 euros de plus en dépenses de fonctionnement ! C’est une bonne réforme, mais pour dans deux ans. Elles ont donc demandé un mois de réflexion pour insérer cette réforme dans les orientations budgétaires qui seront examinées en décembre. Si en effet cette réforme est financée par un emprunt à 3 %, c’est tout à fait rentable. Mais nous n’avons pas obtenu ce délais des autres composantes de l’UC : nous nous abstenons donc, en expliquant pourquoi.

L’opposition, qui semblait plutôt intéressée et avait sans doute évoqué cette réforme du temps de Cordillot. , se déchaîne et annonce qu’elle votera « contre ». Marc Badel reprend l’argument « Si vous êtes si pressés, c’est que vous préparez un mauvais coup pour le mois de juin ! ». Je leur rétorque que la réforme vaut pour au moins 6 ans, que certainement il y aura un turn over des nos agents non-titulaires, mais que c’est normal (l’équipe précédente s’est séparée de 29 non-titulaires en 2013) et que les mêmes problème se posent dans les deux systèmes d’indemnisation chômage : la seule question est de savoir ce qui est le moins cher pour les contribuables.

Les socialistes, par la bouche de Gilles Lafon, avance un argument qui laisse la salle bouche bée : il vote contre, parce que le régime général de l’assurance-chômage déresponsabilise l’employeur qui fait payer par les autres le chômage qu’il provoque. C’est vrai, mais c’est le principe même de l’assurance (avec son défaut, le « hasard moral »), et on n’a jamais vu un socialiste critiquer l’assurance chômage au nom de ce défaut ! En revanche, le prix Nobel d’économie de cet année, le libéral Jean Tirole, ne s’en prive pas, et suggère que l’employeur paie une parti de l’assurance chômage de ses anciens salariés. Est-ce le signe que le PS et Manuel Valls s’orientent vers cette solution ?

Bon, là encore, on s’abstient de polémiquer et la délibération est adoptée, toute l’opposition (du PCF au groupe Harel et au Front National) votant contre, comme presque chaque fois)

Brèves de Conseil

Passons ici rapidement sur quelques votes de moindre importance politique, mais qui s’étirent en longs quart d’heures de péroraisons de l’opposition.

On vote ainsi 7 « Contrats de réussite solidaires », un héritage de l’ancienne mandature. Il s’agit de petites aides à des jeunes qui ont des projets. Ainsi une jeune Villejuifoise obtient 1000 euros de subvention d’équipement pour sa thèse d’archéologie sous-marine au large de Cuba. Derrière moi le PS s’esclaffe : « Bonnes vacances ! » La prochaine fois on subventionnera une thèse sur les terrils du Pas de Calais ?

Le soutien aux anciens en difficulté financière : une délibération consolide le soutien que leur apporte la ville (factures d’électricité, etc) mais supprime le « petit cadeau » passablement paternaliste (genre : pendulettes made in China) qui allait avec. L’opposition s’indigne (« Sans cœur ! »). Elle oublie qu’il faut s’attendre à voir augmenter le nombre des bénéficiaires, mais avance une remarque dont il faudra tenir compte : la remise du petit cadeau était une occasion de sortir. Y repenser.

Création d’un office municipal des sports, pour y regrouper les sports non affiliés à l’USV. C’est encore en pointillé, mais déjà une occasion de pérorer (c’est l’occasion du « clou » de M. Badel cité plus haut). Michel Monin, adjoint aux sports, se plaint que la municipalité précédente nous a légué les équipements sportifs d’une ville de 30 000 habitants.

Suppression du périmètre d’étude à l’entrée sud de Villejuif. Les services ont convaincu Natalie Gandais qu’ils n’avaient pas besoin de cette procédure lourde pour contrôler ce qui se passerait autour du Quick, dernière zone (minuscule) où il est encore possible de construire quelques pavillons, ce qui nous convient comme transition à partir du domaine Chérioux. L’opposition, qui voudrait une ZAC, exemple de participation citoyenne ( ??????) dira plus loin Mme Cordillot, se déchaine contre le pavillonnaire.

Madame Cordillot monte en ligne pour critiquer l’insuffisance de l’étude d’impact sur installation dans une ville voisine de la Boucherie Nivernaise qui certes créera des emplois mais attirera du trafic automobile. Mme Cordillot, décroissante ?

Hausse de la taxe d’aménagement : c’est une des taxes que nous augmentons et qui frappe les promoteurs plutôt que les habitants. Mme da Silva (PCF) surprend son monde en nous lançant le très reaganien : « Trop de taxes tue la taxe ».

Vœu bancaire

On en arrive aux questions et vœux. Le PS a concocté une question perfide sur notre positon à l’égard des Roms du 141 avenue de la République, espérant nous diviser. Mais le bureau municipal s’est entendu pour une réponse unanime, humaniste et légaliste.

Je réponds à un long réquisitoire de M. Harel contre la géothermie :

On passe au vœu sur la loi de séparation bancaire et son application à Dexia. Ce vœu de la majorité de l’Union citoyenne que j’avais préparé et dont Édouard Obadia avait formulé la version soumise à la conférence des présidents, était à deux niveaux :
-  Au niveau général : une critique de la non-séparation des banques entre banques de dépôt et de crédit d’une part, banques d’affaires pouvant se livrer à la spéculation de l’autre.
-  Au niveau particulier : le cas de Dexia, ancienne « banque des collectivités locales » , qui avait réussi à fourguer à l’équipe Cordillot (mandat 2001-2008) des crédits indexés sur le résultat de ses spéculations, qui s’avèrent catastrophiques pour les finances de Villejuif et de nombreux autres collectivités.

Après amendements divers et variés des différents groupes, voici le vœu :

Dès la conférence des présidents, les socialistes, officiels ou dissidents (groupe Villejuif Notre Ville de Philippe Vidal) nous annoncent leur intention de voter contre, tandis que le MRC Badel laisse entendre qu’il votera pour. Or un vœu adressé aux échelons supérieurs, notamment au gouvernement Valls, n’a d’intérêt que s’il recueille une majorité « trans-partisane ». Ce fut le cas pour l’application de la loi sur l’encadrement des loyers, comme sur le Tafta : j’avais pour ce dernier demandé un report d’un mois, le temps de rallier le PS. Là, ça coince, d’autant qu’une partie de l’UMP suit le PS.

Le maire, Franck le Bohellec, propose de alors de reporter d’un mois, et me propose de travailler à une version se recentrant sur Dexia. Accepté. Le PCF en profite pour annoncer qu’il l’aurait bien voté, ce vœu…

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Commentaires

2 Messages

  • thoumine 15 novembre 2014
    11:57

    Bonjour madame gandais,

    se message pour vous dire merci de nous tenir au courant des réunions et croyais je me tiens 24 sur 24 au courant de se dont il se passe à Villejuif notre ville, que se soit de votre part ou monsieur le maire.

    il est vrai que Villejuif et les Villejuifois se posent des questions, je penses pour ma part que vous allez y arriver mes cela sera long,trop de choses enfoui et délaisser par les anciens,hélas !

    mais j’ai foi en Monsieur le maire et toutes l’équipe de la patiente,la tolérance envers tous et l’avenir nous le dira.

    aussi attention au grand monsieur PC , il n’est pas si gentil que cela, les employées de la ville le connaissent très bien, alors si vous me le permettez ouvrer bien vos antennes oh que oui !

    quand a la défaite des C.... ils ne digèrent pas la pilule comme on dit.

    aussi pour vous informez que beaucoup de monde vous apprécie,(d’après mes collègues) vous êtes une femme de terrain, très à l’écoute des gens ,ouverte d’esprit ainsi que monsieur le Maire cela nous fait du bien et depuis je vous l’informe, cela donne un super souffle dans certains services, oh que oui ! je tenais à vous en informer.

    par contre je me permets une question s’il vous plait, je suis au clos fleuri 38, pas mal de locataires nous sommes tous solidaires entre nous, me demande souvent, quand nous aurons l’occasion de voir monsieur le maire est toutes l’équipe cela nous ferais du bien.

    de parler avec vous tous, de voir se qui va et va pas,bref ! j’espère que nous tous du clos fleuri nous aurons la chance de vous voir car à part 1ou2 C.. sommes content du changement .

    oh se n’est pas grand chose se que j’écris madame Gandais ,mais je tenais à vous le dire tout simplement et le plus sincèrement possible. malgré ma situation je suis de très près tous les mouvements de la mairie, et j’en rigole parfois des autres... mais il est vrai que depuis la nouvelle équipe Villejuif commence à changer surtout dans mon quartier, aussi la propreté et le reste, ouf, merci à tous de votre courage quelque soit le parti , mais le courage que vous avez eux tous pour essayé non de prendre la place mais de sauvé notre ville Villejuif, merci !

    j’habite à Villejuif depuis 1984, et là je commence à voir le vrai changement, bon courage à tous et surtout à vous madame Gandais.

    Je vous prie d’agréer madame Gandais l’expression de ma haute considération.
    CORINNE

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  • Eric Mercier 17 novembre 2014
    15:38

    J’avais été frappé par une phrase attribuée à la philosophe Simone Weil concernant la dictature de la ligne politique d’un parti sur ses militants, qui aliénait leur liberté de penser...
    La politique locale devrait pourtant échapper de temps en temps aux logiques partisanes (...), et ce voeu de séparation des banques dites d"affaires" mais jouant dans ce casino pourri qu’est devenu notre système financier, de celles de dépôt , nécessaires pour financer l’économie réelle, prêts aux particuliers et aux entreprises, aurait pu fédérer les élus de touts bords pour qui les finances locales sont un enjeu majeur de politique de développement de la commune. On n’est pas obligé de suivre une ligne gouvernementale qui pense qu’avec des réformettes et des soumissions, on va pouvoir atténuer un système foncièrement prédateur.
    40 communes, 3 départements et une région en France, des assemblées d’Etats nord Américains, les parlements Italien, Islandais, d’autres pays ont voté ce voeu ou des textes s’y rapportant..
    Villejuif phare de la recherche médicale, pourquoi pas aussi phare du sursaut contre la finance folle et parasite ?

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