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2 avril 2015
Alain Lipietz

Conseil municipal du 27 mars (1) : le PADD

Le Projet d’aménagement et de développement durable (PADD) était le premier des deux plats de résistance de ce conseil municipal au long cours, le second étant le vote du budget.

Pourquoi refaire le PADD ?

Le débat (sans vote) sur le PADD est la première étape de l’élaboration d’un nouveau Plan Local d’Urbanisme (PLU), qui devra être « conforme » au PADD. Après ce débat, les ateliers vont continuer dans les quartiers, pour tracer le plan de zonage et rédiger le réglement qui s’imposeront aux promoteurs, ou aux ménages faisant construire une maison individuelle. PADD, diagnostic, règlement et plan de zonage sont les « morceaux » du PLU, qui pourra être « arrêté » par un vote au conseil municipal de juin, puis ce sera en septembre l’enquête publique, puis la prise en compte des observations, pour « approuver » par un dernier vote le PLU à la fin de cette année.

On se souvient que le rejet du PLU-Cordillot, voté à l’arraché par l’ancienne équipe municipale en décembre 2013 malgré la vive opposition de la population lors des séances de « concertation » et de l’enquête publique, était l’une des deux raisons principales de la chute de cette équipe (l’autre étant la sécurité). Parmi les points de friction : la volonté de porter à 40% la part du logement social dans les nouveaux immeubles de plus de 1500 m2 (alors que la ville en est déjà à 39%), l’urbanisation des derniers espaces verts (Mollicone, Maraichers, avec dans ce dernier cas coupure de la coulée verte), la sur-densification avec des hauteurs de 31 mètres sur toute la Nationale 7 (et même 41 mètres au terrain Mollicone)…

Or ces orientations de densification à outrance figurent au PADD-Cordillot. Il faut donc tout revoter, même si une grande partie du PLU-Cordillot reste tout à fait valable et sera maintenu (et ce PLU reste en vigueur jusqu’à ce qu’on le remplace ! )
Après toute une série de réunions de concertation avec la population, l’automne et l’hiver derniers, par quartiers et par thèmes (voir les comptes-rendus ici), le PADD était prêt pour le conseil municipal du 6 mars. Mais au dernier moment nous sont parvenus les « avis des personnes publiques associées ». Il s’agit des collectivités qui nous surplombent, comme l’État, la Région, le Département, le Val-de-Bièvre, ainsi que des sociétés-partenaires qui interviennent sur notre territoire comme la Sadev (l’aménageur en titre des deux ZAC), la Société du Grand Paris (SGP), propriétaire des gares à construire pour les nouveaux métros, la RATP… Or la Sadev trouve que « 25 % de logements sociaux dans les immeubles de plus de 1500 m2 », c’est encore trop, la SGP aimerait construire une tour au dessus de la station Louis-Aragon, le Val de Bièvre rêve de faire de la ZAC Campus Grand Parc un Manhattan sur Bièvre ultra-dense, etc.

Ce sont des partenaires très puissants, avec une armée d’avocats. Nous ne pouvions pas faire la sourde oreille, ni prendre le risque que le PLU soit attaqué en justice et avons préféré reporter le débat à ce Conseil municipal du 27 mars. Nous avons assoupli certains passages du PADD, pour continuer les négociations jusqu’à la présentation du PLU proprement dit. Par exemple, quand le PADD du 6 mars disait « 6 étages maximum sur la Nationale 7 », cela devient : « de 4 à 7 étages ».

Voici donc le nouveau PADD :

Les objections de l’opposition.

Avant tout débat, Franck Périllat (PCF) ironise sur ces modifications entre la version du 6 mars et celle du 27. Natalie Gandais lui ré-explique.

Suit la présentation du PADD par l’équipe d’urbanistes du cabinet Ville ouverte. Elle rappelle que ce PLU permettra d’offrir bien plus de nouveaux logements dans les 10 ans qui viennent (380 par an) que ce qu’impose le Schéma directeur de l’Ile de France (Sdrif) et même la « Territorialisation de l’Offre de Logement » (TOL) : 325 logements par an. Elle montre la dé-densification opéré par le nouveau PADD par rapport au PLU-Cordillot (plus d’espaces verts, immeubles moins hauts) et énumère les équipement collectifs prévus. Elle détaille le volet environnement (surtout le traitement des eaux de pluie, avec l’idée d’un traitement par ilot) et réaffirme le protection de la personnalité de Villejuif (un centre ville faubourgeois, des quartiers pavillonnaires, des quartiers sociaux dans des parcs…) mais indique (concession aux « partenaires ») la possibilité d’ « émergences, de gestes architecturaux ».

Aussitôt Mme Kadri (PCF) se lance dans un panégyrique du PLU-Cordillot et attaque, bien sûr, la part moindre faite par le PADD au logement social, reproche auquel Natalie Gandais a répondu depuis longtemps. De façon plus surprenante, Mme Kadri attaque désormais non pas la réticence de la nouvelle équipe à s’attaquer la crise du logement (comme le PCF et le PS le faisaient depuis des mois), mais au contraire l’excessive croissance de la population permise par le nouveau PADD. Ce sera aussi l’angle d’attaque du PS et de Gaëlle Leydier (Parti de Gauche) : « Vous aviez dénoncé dans votre campagne électorale un Villejuif de 70 000 habitants, mais au fur et à mesure que le débat avance, vous vous rapprochez de ce chiffre ! Par quel miracle espérez vous dédensifier, augmenter les espaces verts, et parvenir à offrir une telle quantité de logements ? »

Pour le PS, Sophie Taillé-Polian, tout en saluant certains apports du nouveau PADD (notamment sur l’écoulement de l’eau pluviale), attaque étrangement l’idée de parkings en centre-ville qui « attireraient les voitures sur de petites distances », et surtout critique le développement des logements intermédiaires : accession sociale à la propriété, logements à prix maitrisée, HLM pour classes moyennes ( PLS) . Selon elle, ce type de logement ne trouve pas preneur, et ce sera « 25 % de logements sociaux, 75% de logements libres »). Rappelée à l’ordre plusieurs fois sur la longueur de son intervention, elle lâche enfin sa péroraison longuement mûrie : « Votre nouvel élan, c’est du flan ! ».

La réponse de l’Union citoyenne

J’interviens au nom de L’Avenir à Villejuif, sur les trois principaux sujets en débat.

Sur l’offre de logement :

Je reconnais qu’en parlant de 70 000 habitants nous avions sous-estimé la croissance que permettait le PLU-Cordillot à l’horizon de dix-quinze ans. En diminuant les hauteurs et en sauvant quelques espaces verts, nous pensions nous éloigner de ce chiffre, mais le PLU-Cordillot visait bien plus haut, et camouflait son objectif dans la valse des chiffres.

Et je détaille un exemple (pour plus de précisions, voir ici). Le Contrat de Développement Territorial fixe pour la ZAC Campus Grand Parc la construction de 1720 logements. Or, dans la publicité de la Sadev ou le discours de Mme Cordillot, on glisse « plus de 1700 logements, soit environ 10 000 habitants ». Faites le calcul : cela fait 6 personnes EN MOYENNE par logement ! La norme familale de Mme Cordillot était donc : un papa, une maman, quatre enfants… La « Manif pour tous » est enfoncée ! En réalité, nous avons vite découvert que la Sadev prévoyait plus de 4000 logements, et nous avons fait réduire ce chiffre à 2900. Ce qui est beaucoup…

Sur l’environnement :

Je salue le travail de l’équipe, en particulier sur le traitement des eaux pluviales. Le changement climatique va probablement accentuer le régime des pluies, et un excessif bétonnage de Villejuif entrainerait des menaces d’inondation dans le Bas Villejuif ou sur Arcueil.
Je souligne que si en effet le nouveau PLU diminue la destruction d’espaces verts par rapport au PLU-Cordillot (la moitié du terrain des Maraichers est sauvée, le terrain Mollicone est déjà saccagé), il y aura finalement moins d’espaces verts que maintenant, du fait essentiellement de la ZAC Campus Grand Parc, qui nous échappe largement. Je salue néanmoins la volonté d’exclure la construction de logement exposé aux pollutions de l’autoroute, une modification qui sauvera des centaines de vie humaines.

Mais je critique l’imprécision de la carte des « grands axes de continuité écologique » (p.31), sous prétexte de ne pas anticiper sur les cartes précises du PLU. L’arc vert du nord-ouest est incurvé dans le mauvais sens (ou alors il devait être remplacé par un « Y »), car un tracé de coulée verte-couloir de biodiversité est déjà prescrit par le Sdrif et le Val-de-Marne : la « coulée verte Bièvre-Lilas ». La préservation de l’ouest du terrain des Maraichers assure en effet la continuité de cette coulée (que cassait le PLU-Cordillot). Mais il reste à frayer son passage depuis le nord du Parc des Hautes Bruyères, par les chateaux d’eau, le Parc du 8 mai, le terrain Rameau et la zone pavillonnaire, jusqu’au Parc de la Bièvre à Gentilly.

Sur l’architecture :

Je salue la volonté de préserver l’identité de Villejuif, et donc de réduire la hauteur des immeubles. Mais je m’inquiète de cette idée de tolérer des « émergences, des gestes architecturaux ». Et, joignant le geste à la parole, je conclus « Villejuif n’est pas une ville phallique ! » On peut faire de très beaux gestes architecturaux sans « émerger » au dessus des toits des autres (je pense au très beau projet pour la gare IGR).

Natalie Gandais répond aux critiques : qu’en effet, cela fera plus d’habitants vers 2030 que nous ne l’imaginions, et pourtant notre nouveau Plan réduit à « 4 ou 7 étages » là où le PLU-Cordillot autorisait de 8 à 13 étages, il préserve et ouvre au public de nouveaux espaces verts… Nous avions sous-estimé la croissance de la densité humaine autorisée par le PLU-Cordillot. Par ailleurs, ce n’est pas en interdisant le stationnement que nous allons réduire les petits déplacements en auto, mais grâce au plan des circulations douces que nous mettons au point. Enfin, les logements en accession sociale à la propriété que nous mettons en construction rencontrent un succès immédiat, et la présence de 3 zones prioritaires de la Politique de la ville va permettre de construire, jusqu’à 300 mètres autour de ces zones, des logements à « prix maîtrisé » grâce à une TVA réduite à 5%.

Franc le Bohellec conclut en donnant l’estimation : « On était sur une tendance ingérable de 10 500 nouveaux logements dans dix ans, on maitrisera à 6500, et c’est déjà au delà de ce que l’État et la Région nous demandent. »

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