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26 février 2020
Alain Lipietz

F. le Bohellec, degré zéro de la démocratie municipale

Le maire-candidat-sortant fait effacer systématiquement les affiches de ses concurrents sur les emplacements autorisés.

F. le Bohellec, maire déjà plusieurs fois condamné par la justice et sous le coup de plusieurs enquêtes policières, gouverne la ville sans majorité municipale depuis septembre dernier et sans aucun contrôle. Il tente d’étouffer la voix des listes concurrentes en leur refusant des salles municipales. Il s’affranchit à nouveau de la liberté d’expression en faisant effacer les affiches électorales des concurrents sur les emplacements pourtant prévus par la loi, alors que lui -même a lancé une énorme campagne d’affiches à la gloire de sa gestion et de ses projets, payée par les contribuables et les promoteurs, [payée par les contribuables et les promoteurs, ce qui pose des questions juridiques..

Que dit la loi sur l’affichage libre ?

Depuis leur apparition à Villejuif dans les années 90, les écologistes ont toujours combattu l’affichage sauvage, se limitant strictement dans leurs camapgnes électorales aux espaces d’affichage autorisés. Il y a deux possibilités d’afficher librement.

-  Soit sur les panneaux permanents « Affchage libre ».

F. le Bohellec les a presque tous supprimés ou déplacés. Il a sans doute observé strictement le minimum légal de surface (répartis sur 11 panneaux recto-verso : on n’a pas mesuré !) mais les a presque tous placés aux extrémités de la ville. Le mieux caché est au fond de l’impasse de l’Épi d’Or :

-  Soit sur les palissades de chantier.

La loi est très claire (art. L581-14 du code de l’environnement) : « La publicité supportée par des palissades de chantier ne peut être interdite, sauf lorsque celles-ci sont implantées dans les lieux visés aux 1° et 2° du I de l’article L. 581-8. »
(Cette restriction couvre les monuments historiques : on n’affiche pas sur les palissades du chantier de Notre-Dame de Paris !)

Un maire (encore une fois) en marge de la loi

On aurait pu penser que malgré la disparition des panneaux d’affichage libre, et malgré une campagne gigantesque de publicité du maire sur les palissades de chantier, ses concurrents pourraient annoncer leurs réunions sur ces palissades de chantier ? Eh bien non ! La camionnette d’une entreprise privée passe régulièrement derrière les colleurs d’affiches, et décolle systématiquement les annonces de réunions électorales des concurrents du maire sortant, même sur les panneaux dits « Affichage libre » :

La camionnette

Autre pratique de la droite autoritaire qui pèse sur Villejuif : prétendre que l’affichage, même légal, même parfaitement propre, est une « pollution visuelle », une forme de « saleté » :

Vous avez bien lu : même encadrée par la loi, la liberté d’expression, en particulier pour le choix des maires, c’est « de la saleté » ! On frémit en pensant que de tels hommes pourraient arriver au pouvoir à l’échelle nationale. On se croirait dans un de ces pays de « démocratie illibérale » dites aussi « démocratures », comme la Hongrie ou la Turquie.

Significativement d’ailleurs, il n’y a pas cette fois de liste Rassemblement National en concurrence avec le maire sortant : pour l’extrême-droite, ce maire est ok ??

Qui paie le décolleur d’affiche ?

Bonne question. Bien sûr les militants des différentes listes n’ont jamais hésité à arracher ou recoller sur les affiches des autres : c’est parfaitement légal, et d’ailleurs les affiches « Avec vous, Villejuif se révèle » du candidat -maire -sortant sont parfois recouvertes sur les palissades de chantier (mais très partiellement, tant elles sont immenses) par d’autres affiches électorales. Si un candidat veut payer une entreprise pour faire ce boulot, grand bien lui fasse, mais il doit inscrire cette dépense sur ses comptes de campagne, probablement « explosés » depuis longtemps par le candidat-maire -sortant — mais il s’en fiche sans doute comme du reste.

Une militante de la liste Villejuif-Écologie a posé la question au monsieur qui conduit la camionnette décolleuse. « C’est la mairie qui paie » dit-il, et il ajoute qu’il doit faire ce boulot en permanence de 7 h du matin à 17 h, tous les jours.

Bien sûr, ce que dit le Monsieur Décolleur (qui n’y est pour rien et n’a probablement pas lu le contrat de l’entreprise qui l’emploie) doit être accueilli avec prudence, mais c’est vraisemblable : F. le Bohellec cherche à faire payer au maximum sa campagne par les Villejuifois. Et le personnel municipal aurait pu exercer son droit de retrait si le maire lui avait donné ordre de nettoyer les « affichages libres ». D’où le recours à une entreprise privée.

Problème : cette commande publique aurait dû être votée par le conseil municipal, ou du moins celui-ci aurait dû en être informé. Eh bien ! F. le Bohellec a bel et bien tenté de faire voter ce service de nettoyage très spécial au Conseil municipal de septembre, en « taxant » les opposants de 250 euros par affiche ! Voici le texte du rapport correspondant :

Vicieusement, l’affichage est assimilé à un dépôt sauvage. Surtout : il n’est question que de l’« affichage non autorisé » (ce qui n’est pas le cas pour les palissades et les panneaux « affichage libre ») et de « services municipaux », non d’entreprise privée. Mais le candidat sortant aurait toujours pu dire « Il y avait tellement d’affiches à décoller que j’ai dû avoir recours à un service externe », et ensuite accuser cette entreprise extérieure de « s’être trompée, en effaçant des affiches parfaitement légales » (ce qu’il fera sans doute quand viendra l’heure de son procès sur ce point, un de plus).

Pas de chance, c’est ce jour-là que le maire a perdu la majorité dès le premier vote, et a interrompu le conseil municipal. En novembre, il a dû négocier avec ses oppositions (y compris de son propre camp, atterré par ce maire déjà plusieurs fois condamné par la justice et sous le coup de plusieurs enquêtes policières ) pour ne faire voter que ce que ces oppositions voulaient bien, « dans un esprit républicain ». Et ce point n’est pas passé !

Bref, si les services de cette camionnette sont bien loués par le maire en tant que tel, c’est une nouvelle irrégularité . Il est bien sûr trop tard pour un recours à la justice, même en référé. Et si, comme il est probable, les Villejuifois congédient le 15 mars ce maire qui entache la réputation de la Ville par son comportement, ce sera la prochaine maire qui devra payer, au nom de la Ville … cette basse manœuvre organisée contre elle et les autres candidats.

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