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Conseil municipal du 21 mai

Imprimez !
23 mai 2019
Alain Lipietz

Un conseil municipal effarant

Le conseil s’est achevé sous les huées : le maire, sûr d’être en minorité, interrompt la séance avant un vœu demandant la modération des loyers (loi ELAN).

Dans une ambiance délétère, le maire fait voter par sa « majorité » une scandaleuse opération immobilière dans le Bas-de-la-Côte, puis, sachant qu’il sera mis en minorité dans un vote à bulletin secret, refuse de mettre aux voix un voeu fixant la position de Villejuif « pour » le contrôle des loyers, à destination du préfet et du Territoire Grand Orly Seine Bièvre.

Dès la discussion des « décisions prises par le maire » entre deux conseils municipaux, Jean-François Harel, faisant allusion aux affaires du Babilou-land, demande ironiquement si l’embauche d’un certain Thomas Le Bohellec par Babilou a un rapport avec les faveurs dont bénéficie systématiquement cette entreprise. Ambiance...

Le test de Notre-Dame

On passe à un vote pour attribuer 10 000 euro à la Fondation de France pour Notre Dame de Paris. Problème : cette collecte est close et largement au-delà du budget nécessaire ! Pourtant, avant tout débat, le maire (qui sait qu’il n’a pas de majorité) se lance en premier dans un discours interminable accusant ses opposants de s’apprêter à voter "Non" par hostilité envers la religion catholique. Tous les groupes s’indignent de cette accusation grotesque.

Cette cathédrale est un bien commun chéri par toute notre nation. Bouleversés, nous l’avons tous regardé flamber. Elle est la propriété de l’Etat, comme St Cyr – Ste Julitte est la propriété de la commune de Villejuif. À quoi ça rime qu’une municipalité subventionne l’Etat ? On pouvait y songer dans les premiers jours, mais la compétition entre les milliardaires pour offrir des centaines de milliers d’euros (qui n’iront pas aux Misérables) a rendu ce geste inutile. Où ira ce chèque de 10000 euros ? Quand on pense que le maire a refusé même les subventions aux parents d’élèves, ou à une association qui promeut l’alimentation bio, approuvées pourtant par la Commission paritaire des associations de Villejuif...

On demande le vote à bulletin secret. Pourquoi ? Parce qu’on sait qu’une partie de la majorité du maire, qui ne lui est fidèle que pour les postes rémunérés qu’il lui offre, et d’autres aussi, commencent à ruer dans le brancards. On veut vérifier si ces « conseillers majoritaires », lorsqu’ils se sentent libres, votent avec le maire. Eh bien non ! Le maire n’obtient pas la majorité. C’est une information importante pour le vote à venir plus tard dans la soirée.

Nouvelle et scandaleuse opération immobilière

Il s’agit d’ « adopter le principe » de la vente, au promoteur Legendre, d’un vaste terrain désaffecté, en bas de la côte sur la Nationale 7, là où est installé Le Portail à titre précaire. Le terrain, jadis mis en réserve foncière au Syndicat d’action foncière, est devenu propriété de la Ville. Cette vente à Legendre est doublement problématique.

D’abord, il s’agit du terrain qui avait été attribué à la seconde mosquée, celle qui n’ira pas à l’ex-gendarmerie. Le projet a été présenté aux habitants, puis à Mme la Sous-préfète, conjointement par le maire et l’Association des Musulmans du Val de Bièvre. C’est Natalie Gandais qui avait proposé ce terrain quand elle était première adjointe en charge de l’urbanisme, afin d’être le plus près possible d’un métro et ne pas gêner la circulation le vendredi soir.

Comme on sait, le maire a ensuite brutalement rompu avec l’AMVB, sans explication. Nous leur avons dit : « Il a sans doute trouvé un promoteur... » Nous avons eu le nez creux : c’est Legendre.

Et là est le second problème. Cette vente (il y en a pour 11 millions ! Plus encore que pour l’affaire de la Halle des Sports) est accordée de gré à gré dans le bureau du maire (ou autour d’un gueuleton ?), sans appel d’offre public, sans la moindre nouvelle discussion avec les habitants, sans projet urbain propre à la ville et débattu par elle, qui abandonne ainsi une de ses dernière réserves foncières...

C’est énorme, et visiblement les conseillers de la majorité n’étaient pas au courant. Ça ne sent pas très bon. Ph. Vidal propose de voter à nouveau à bulletin secret. Notre groupe refuse : il faut savoir, pour l’avenir, qui accepte et qui refuse de tremper dans cette opération. On vote donc à main levé et, pas très fière, la « majorité » du maire vote pour lui.

Rappelons que le maire avait commencé le conseil municipal en se réclamant des racines catholiques du pays pour voter un don à une collecte fermée. Là il vient de faire voter par ses "catholiques" une opération "pas très catholique" beaucoup plu grave...

Le maire refuse le vote sur la modération des loyers

Il est presque minuit (on siège depuis 19 h), mais tout le monde attend le vote du vœu sur les loyers. De quoi s’agit-il ?

Le 26 septembre 2014, du temps de la loi Duflot, le conseil municipal a déjà adopté le principe d’appliquer la modération des loyers ; à une large majorité. Le maire était déjà "contre". Depuis l’éclatement de l’Union citoyenne qui l’avait fait élire, il est encore plus contre : il souhaite que le ville soit la plus chère possible pour « sélectionner les habitants ». Un exemple : la Ville dispose d’appartements de fonction pour les professeurs des écoles, en général loués à de vieux instit’. Il a porté le loyer d’un 4-Pièces à... 1600 euros par mois ! Les locataires n’ont pu que déménager.

Manuel Valls a suspendu la loi Duflot, mais face à la hausse dramatique des loyers en Ile de France, la majorité actuelle y revient à titre expérimental : c’est la loi ELAN. Ça se décide pour nous au niveau du Territoire Grand Orly Seine Bièvre (GOSB). Le GOSB a donc demandé aux villes de donner leur avis pour sa séance du mardi 28 mai. Évidemment le maire n’a pas fixé ce point à l’ordre du jour. C’est pourquoi un voeu est déposé, comme la Loi et le Règlement intérieur l’y autorise, par P. Vidal avec le soutien des autres groupes opposition. Il s’agit d’apporter au GOSB, mardi prochain, la réponse de Villejuif. Nous savons par ailleurs qu’une majorité du conseil est prête à le voter, comme en 2014, dès lors que c’est à bulletin secret .

Le moment arrive. Le maire se lance dans un long discours où il explique qu’il est « contre » (ce qui est son droit...) et conclut : « Donc je ne le mets pas au vote. La séance est levée. ».

Chaos dans la salle, indignation : le maire « qui assure la police de l’assemblée » vient de prendre, par intérêt personnel, une décision contraire à la loi. C’est comme si un gendarme de la route ordonnait aux voitures de rouler du mauvais coté de la ligne jaune.

Dès le lendemain, les oppositions unanimes préviennent le président du GOSB et saisissent le préfet pour lui demander de convoquer une nouvelle séance du conseil afin de savoir si oui ou non Villejuif souhaite la modération des loyers....

Affaire à suivre.

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