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4 octobre 2016
Alain Lipietz

Barbotages (2) : noyade de la Halle des sports : le rôle du groupe Vidal

À la demande du groupe VNV, nous rendons publiques les interventions de Ph. Vidal en faveur du candidat « favorisé ». Occasion de faire le point sur les « surcoûts » de cette opération, et les responsabilités des uns et des autres.

Dans notre récent article sur les nouveaux malheurs du projet de Halle des Sports, nous évoquions, sur un mode humoristique, le soutien du chef de file de la liste VillejuifNOTREVille, Philippe Vidal, adjoint aux finances, au projet Demathieu & Bard – Tougeron. Il s’agit du projet que Natalie Gandais a signalé à la procureure, soupçonnant qu’il est "favorisé" par le maire et ses amis depuis avril 2014.

Ph. Vidal avait en effet écarté d’un revers de main, en Comité de Pilotage (Copil), les avertissements des services de la Ville : nous aurions à payer 400 000 euros de plus pour des fondations spéciales si la coque du gymnase semi-enterré proposée par D&B-Tougeron se retrouvait noyée dans la nappe phréatique. C’est ce qui se confirme, hélas, aujourd’hui.

Contestant le rôle qu’a ainsi joué Ph. Vidal dans cette manoeuvre, le président du groupe municipal VNV, Paulo Nunes nous a publiquement défiés (sur mon compte Facebook à la date du 28 septembre, 18 :14) d’en produire une preuve. Précisant que son groupe était pour une « totale transparence : même pas peur ! »

La preuve

Le compte-rendu du Copil du 13 janvier 2016 fait partie des archives remises par Natalie Gandais lors de son audition par la Brigade financière de la Préfecture de Police.

Cette pièce est à diffusion restreinte, et fait partie de l’instruction. Aussi ne publions-nous que les interventions de Ph. Vidal, plus la question que lui pose F. le Bohellec et à laquelle il répond.

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Comme on le voit, Ph. Vidal est parfaitement conscient que Villejuif n’aurait rien à payer pour des fondations spéciales si on choisit le projet Sogeprom, et devra payer une somme évaluée à 400 000 euros si on choisit D&B-Tougeron et si ce projet se noie dans la nappe. Cette somme est évaluée par le cabinet Tougeron (qui a réalisé la pré-étude de 2013, autre illégalité), donc sans doute minorée, mais suffisamment probable pour que D&B et Tougeron avertissent qu’ils ne la paieront pas ! Quant au projet Sogeprom, qui propose un gymnase de plain-pied (avec tous les avantages que cela présente pour les scolaires et pour les finances de la Ville), il est évidemment « au sec », et d’éventuelles fondations spéciales ne seraient alors nécessaires que pour les parkings souterrains, qui ne concernent pas la Ville.

Ph. Vidal répond qu’en fait il n’y a « sûrement pas » de risque, que c’est une « non-question », que Sogeprom se targue donc d’un avantage imaginaire pour la Ville, et que 400 000 euros, c’est peanuts. Et il conclut en faveur de D&B-Tougeron, le candidat choisi dès avril 2014 par le maire et son adjoint aux sports.

Quatre jours plus tard, le 17 janvier, le groupe Vidal se joint à la lettre de chantage envoyée par E. Obadia à Natalie Gandais afin qu’elle renonce à alerter la Procureure de la République sur les soupçons de favoritisme en faveur de D&B-Tougeron,, faute de quoi elle serait démise de ses fonctions de 1ere adjointe. Et comme il sait très bien que Natalie Gandais respectera la loi, il scelle ainsi la fin de l’Union citoyenne.

Les revirements de Ph. Vidal

Pourtant, lors de la réunion décisive, la Commission d’Appel d’Offre (CAO) du lendemain 18 janvier, Ph. Vidal ne se joint pas à la coalition des élus de droite et communiste (Mme Cordillot) en faveur de D&B-Tougeron. Il s’abstient, contrairement à sa déclaration en Copil, Natalie Gandais restant seule à voter contre.

Pourquoi ? Il le dira sûrement à l’enquête. Nous formulons deux hypothèses :

-  Bien qu’il ne soit pas venu à la réunion où Natalie Gandais a présenté au groupe VNV le dossier étayant ses soupçons de favoritisme, il a pu se rendre compte que « c’était du sérieux » et se renseigner auprès des services de la Ville, qui argumentaient « contre » D&B-Tougeron.

-  En CAO, il s’est rendu compte que l’alliance entre la droite et Mme Cordillot en faveur de D&B-Tougeron rendait son vote sans importance, et il en a profité pour ne pas se mouiller.

Mais en conseil municipal du 8 avril 2016, Ph. Vidal et son groupe retournent à nouveau leur veste et votent « pour » la vente du terrain à D&B et Tougeron, dans le cadre de leur nouvelle alliance avec la droite et Mme Casel. Laquelle trouve le moyen de justifier son choix de D&B parce qu’il y a « une toiture végétalisée, ça me plait bien », alors que c’est évidemment aussi le cas dans les autres projets, puisque c’est dorénavant obligatoire dans le PLU-Gandais… qu’elle a voté.

Ph. Vidal est donc lui aussi responsable, en Copil, du choix du promoteur favorisé, du fait de ses fonctions d’adjoint aux finances. L’est-il autant que F. le Bohellec et M. Monin qui depuis deux ans se battent pour imposer ce promoteur ?

Charitablement, j’ai évoqué plutôt l’incompétence « en hydrologie et en économie ». Passons sur l’hydrologie (voir la discussion sur mon compte Facebook, 28 septembre, 18 :14.) Incompétence en revanche coupable, pour un maire adjoint aux finances évaluant un investissement particulièrement lourd. Où a-t-on vu un adjoint aux finances accepter un contrat de travaux public où le contractant laisse dès le départ à la charge de la Ville un coût incertain mais non négligeable (400 000 euros c’est une part significative de notre épargne nette, et plus de 10% du coût de la coque du gymnase) ? Où a-t-on vu un programmeur financier compter pour zéro un « dépassement » très probable quoique pas certain ?

Incompétence ou intérêt : encore un problème que l’enquête devra éclaircir.

Le retournement contrit de Mme Cordillot et le coût pour la Ville

Mme Cordillot suit le chemin inverse de Ph. Vidal : elle passera du soutien au projet D&B-Tougeron à l’abstention… puis au soutien quand même.

• C’est sous son mandat que l’étude préalable a été confiée au cabinet d’architecte Tougeron avec pour promoteur Devil. Tougeron conclut à ce projet de gymnase semi-enterré permettant à la ville de réaliser une « opération blanche », le bénéfice pour la ville dans la vente du terrain et le rachat d’une coque vide permettant juste (selon lui) de couvrir le coût d’aménagement de la coque en gymnase.

• Ce sont ses directeurs (de l’urbanisme et du pôle technique) qui proposent ce schéma à Natalie Gandais dans les premiers jours de notre mandat, tandis que M. Monin, de la liste du maire F. le Bohellec, négocie le remplacement de Devil par Demathieu et Bard.

C’est l’effort de Natalie Gandais pendant un an qui finit par imposer un concours ouvert, où il est apparait qu’un autre promoteur, Sogeprom, offre à la ville 3 millions de mieux qu’une opération blanche.

• Mais une mystérieuse voix, violant la confidentialité de l’appel d’offre, suggère à D&B de surenchérir de 3,5 millions.

• C’est une « note de synthèse », curieusement sortie du cabinet du maire, qui est expédiée à la Commission d’Appel d’Offre, contredisant le volumineux dossier d’analyse des services de la Ville, et recommandant D&B-Tougeron. Notamment :

-  en occultant le risque du projet semi-enterré de D&B -Tougeron du coté de la nappe phréatique (coût pour la ville : au moins 400 000 euros)
-  en ignorant le cout supplémentaire de l’aménagement et du fonctionnement d’une coque et d’un gymnase semi-enterré (coût non évalué par les services techniques, qui supposaient sans doute que le projet Sogeprom, de plain-pied, l’emporterait haut-la-main)
-  en ignorant le prix de vente plus élevé des appartements chez D&B-Tougeron (surcoût pour les futurs habitants, en lisière d’un quartier prioritaire "politique de la ville" et destinée prioritairement aux actuels habitants des Lozaits : 1 million 600 0000 euros)

• C’est Mme Cordillot qui appelle les élus des 3 groupes de sa liste à ne pas lire le dossier de Natalie Gandais étayant ses soupçons de favoritisme car, selon elle, ce serait « une instrumentalisation de l’opposition » par L’Avenir à Villejuif. Elle sera obéie par le Parti socialiste, mais pas par tous les élus communistes !

• Et très logiquement, en Commission d’Appel d’Offre le 18 janvier, elle vote « pour » le projet D&B-Tougeron.

• Pourtant, le 8 avril, en conseil municipal, elle se rallie à la position de toute sa liste, devenue méfiante : abstention.

• Toutefois dans une curieuse déclaration, elle justifie son retournement non par l’ouverture d’une enquête au pénal, mais… parce que la procédure de mise en concurrence imposée par Natalie Gandais a obligé la pauvre équipe gagnante à verser à la ville 3 millions et demi de plus que ce qu’elle avait prévu au départ, en 2013 ! En somme elle réaffirme son soutien au projet Tougeron - D&B, et si elle s’abstient sur la vente, c’est qu’elle trouve que le promoteur ne fait pas assez de profits.

Elle est ainsi probablement la première élue communiste à reprocher à une municipalité d’obtenir 3,5 millions de plus d’un promoteur privé, sans s’indigner que ce même promoteur exige 1.6 millions de plus des futurs habitants...

***
L’article « Barbotages » est en trois parties :

Barbotages (1) : La Halle des Sports prend l’eau

Barbotages (2) : Noyade de la Halle des sports : le rôle du groupe Vidal

Barbotages (3) : L’Office municipal des sports risque le bouillon

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