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16 septembre 2016
Alain Lipietz

Destruction des services municipaux (suite) : le DGS

La presse s’est fait écho en juillet du renvoi du Directeur général des services, par le maire Franck le Bohellec. Où en est-on ?

Pendant tout le printemps, le DGS, Bernard Salzenstein, était en congé maladie. Pour « burn-out » selon le maire, pour harcèlement moral de la part du maire selon les syndicats. Toujours est-il que, dès son retour de congé, en juillet, B. Salzenstein était convoqué par le maire pour un entretien préalable à la procédure de licenciement, appelée « décharge de fonction » (malgré les affirmations contraires du maire à la presse, courant juin.)

L’entretien a eu lieu fin juillet, M. Salzenstein s’y rendant accompagné d’un délégué du syndicat des DGS. Franck le Bohellec le licenciait pour « perte de confiance » et lui en donnait les raisons officielles, dont le délégué syndical a établi le compte-rendu : ces raisons sont donc connues. La décharge de fonction doit avoir lieu au conseil municipal d’octobre. B. Salzenstein a immédiatement été privé du peu de délégations de signature que le maire lui avait donné à son arrivée.

Avant d’évoquer les motifs officiels de ce licenciement, un mot sur B. Salzenstein.

Bernard Salzenstein appartient au corps des ingénieurs de l’administration territoriale, celui de la Ville de Paris. Ce n’est donc pas un « politique », et de fait il a servi dans des mairies de toutes les couleurs politiques. Avant Villejuif, c’était Montreuil, à l’époque de la verte Dominique Voynet. C’était sans doute une des raisons pour lesquelles le maire l’a recruté (sans nous consulter) : un des directeurs généraux adjoints hérités de l’ère Cordillot souhaitait rejoindre Montreuil, où le PCF avait récupéré la mairie, et cette permutation permettait des économies substantielles. En effet, une mairie qui décide de se débarrasser d’un cadre de la fonction publique territoriale doit le payer tant qu’il n’a pas trouvé un nouveau poste. Surtout, B. Salzenstein était recommandé par tous ses anciens employeurs.

Nos maires adjointes ont donc fait la connaissance de M. Salzenstein et ont tout de suite apprécié sa compétence technique, son sens du service public et sa parfaite loyauté, qui ne s’est jamais démentie.

La dernière réunion du « bureau politique » (la réunion des 4 présidents de groupe) de feue l’Union Citoyenne eut lieu le 15 janvier 2016. C’est la fameuse réunion où les 2 groupes de droite et le groupe Vidal énoncèrent verbalement leurs menaces contre Natalie Gandais à propos de l’affaire de la Halle des Sports (en gros : "elle s’écrase ou on la vire"). Mais elle a concerné aussi le DGS, qui ne participe pas à ces réunions.

La droite, avec en tête E. Obadia, se lança dans un long et inattendu réquisitoire contre B. Salzenstein, coupable de ne pas régler assez vite la question de certains agents dont la droite souhaitait se débarrasser (y aurait-il une liste noire ?). Du coup, selon la droite, il fallait non seulement régler la question de ces « communistes », mais aussi de B. Salzenstein et de « tous ceux de Montreuil, c’est la même chose. » (Le compte rendu de cette réunion est depuis cette époque à la disposition de la police dans le cadre de la plainte de Natalie Gandais pour chantage).

Le représentant de notre groupe et celui du groupe Vidal en restèrent bouche bée. Aux militants des groupes de droite, il fut expliqué que M. Salzenstein avait perdu la confiance du maire en le chargeant dans l’enquête policière sur une plainte en harcèlement contre E. Obadia (toujours en cours), ce qui était complètement faux : d’ailleurs s’il n’a rien à se reprocher, pourquoi le maire aurait-il peur d’être chargé ?

En fait, c’est contre B. Salzenstein que le harcèlement moral du maire allait se déchainer, jusqu’à son congé maladie de mai-juin !

Quels sont donc les reproches officiels « justifiant », selon le maire, sa « perte de confiance » ? Avoir tardé à faire le ménage parmi la "liste noire" des agents communistes ? Difficilement avouable. Pas plus avouable que le reproche d’avoir prévenu le maire, à de nombreuses reprises, des irrégularités qu’il s’apprêtait à commettre, notamment sur la Halle des Sports. L’avoir chargé lui et E. Obadia dans l’enquête sur le harcèlement ? Le procès verbal de la police peut facilement prouver le contraire. Rappellons tout de même que la vérité doit être dite à la justice sous peine que cela se retourne contre l’interviewé.

Alors ? Ou le saura bien assez tôt, si le maire annonce effectivement au Conseil municipal d’Octobre son intention de licencier le DGS, et si au bout du compte le DGS mène l’affaire devant la justice, car il faudra alors rendre public le compte-rendu de l’entretien préalable. Gageons que les reproches officiels du maire (qui jusque là restent du domaine privé) se limitent à des prétextes aussi minuscules qu’hasardeux.


Si au Conseil municipal d’octobre le maire parvient à faire voter cette indécence, il en coutera aux Villejuifois dans les 120 000 euros par an car il est peu probable que B. Salzenstein retrouve immédiatement un poste de DGS, à 4 ans des prochaines élections.

Et ajoutons qu’il est peu probable que le maire retrouve rapidement un DGS de cette qualité. Déjà la réputation de Villejuif, dont les cadres s’en vont en courant les uns après les autres, est devenue détestable dans toute la fonction publique territoriale. Au point que certaines villes voisines viennent faire leur marché chez les cadres qui restent encore : « Vous ne voudriez pas venir chez nous ? »

PS. Sur le tweet de F. le Bohellec

J’ai eu la surprise de découvrir, le 7 septembre, le tweet suivant :

Vous n’y comprenez rien ? J’explique.

"Rosebud", "Villejuif2020" et "Envertsetcontre" sont les pseudonymes de partisans de l’ancienne équipe municipale (Mme Cordillot), qui interviennent de temps en temps sur le présent site, sur Twitter, sur Facebook, ou sur 94-Citoyens.

Donc, Rosebud, dont les renseignements sont toujours approximatifs, pense que l’entretien du maire et du DGS était un entretien annuel d’évaluation alors qu’il s’agissait d’ un entretien préalable au licenciement. Mais peu importe, il sait que ça a été chaud, et par plaisanterie il le compare à une scène particulièrement sanglante de combat de boxe, tirée de Raging Bull. Et il adresse le tout à ses amis politiques, ainsi qu’à F. le Bohellec, à "phv" (Philippe Vidal ? ) et à moi.

La surprise est de découvrir que Franck le Bohellec tient à m’annoncer par Tweeter (que je ne lis pas d’ordinnaire) qu’il a aimé cette comparaison.

Je dois dire ici ma profonde indignation.

Certes ce n’est pas la première fois que F. le Bohellec intervient sur les réseaux sociaux publics des proches du Front de Gauche pour leur dire son accord, y compris contre les membres de sa majorité, ce qui est déjà surprenant. Cette étrange complicité est allée jusqu’à faire front avec Mme Cordillot dans l’affaire de la Halle des Sports, comme si un accord existait entre PCF et LR sur ce sujet.

Mais ici il s’agit d’une appréciation publique sur le rapport officiel entre un maire élu et le directeur général du service public sur leur territoire commun, que F. le Bohellec aime donc à voir comparer à un combat sanglant de boxeurs américains.

En tant que haut fonctionnaire, j’ai eu pendant toute ma carrière à entretenir des relations avec des exécutifs élus (ministres de droite etc) avec lesquels je n’étais pas toujours d’accord et que je critiquais vertement à titre personnel. Jamais je n’ai connu de leur part une telle grossièreté (mais je n’ai jamais eu affaire à Sarkozy-casse toi pauv’ con). Ce qui ne nous étonne pas vraiment de la part de F. le Bohellec : on se souvient de son comportement public lors du dernier discours de la première adjointe. Mais je ne pensais pas que sa grossièreté irait jusque insulter ainsi sa propre dignité d’élu et celle de l’administration.

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Commentaires

5 Messages

  • jeanine Rollin-Coutant 19 septembre 2016
    06:19

    Après avoir visionné la séance du Conseil Municipal ou Nathalie fait son discours, Monsieur Le Maire qui mange, boit, discute se retourne, enfin ne se composte pas comme un responsable. Je ne vais plus au Conseil Municipal depuis longtemps. j’ai honte de cette équipe. On a critiqué Mme Cordillot mais elle se conduisait avec une certaine dignité qui fait défaut à Monsieur LE BOHELLEC.

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    • Alain Lipietz 19 septembre 2016
      14:42

      Tout à fait d’accord, Jeanine. Il y a une marche entre la classe de Mme Cordillot et celle de F. le Bohellec, du point de vue de la « dignité d’élu », et ce n’est pas sans conséquence politique.

      L’Union citoyenne a commencé à se fissurer dès le premier semestre 2015, pas tellement sur des choix politiques (ça allait encore suffisamment) mais sur les comportements du maire F. le Bohellec. Il n’était tout simplement plus possible de savoir quant il mentait et quand il disait la vérité, quand il passait un accord ou quand il vous tendait un piège. Car son rapport aux autres, et en particulier à ses partenaires, aux services de la ville, aux Villejuifois qui viennent le voir, et d’une façon générale à la personne qu’il à coté ou en face de lui, est très déroutant. Il en permanence dans le simple rapport utilitaire, manipulatoire, souriant dans la minute et tirant dans le dos ou affichant son mépris la minute suivante. Peut-être pire, même : un certain plaisir gratuit à « entuber » son interlocuteur et à le lui faire sentir, comme nous l’ont signalé avec étonnement certain-e-s Villejuifois-e-s.

      Ce plaisir gratuit éclate dans ce tweet, comme dans son « écoute » sur cette video, au moment il prend l’initiative de briser l’Union citoyenne (et donc son propre mandat). C’est très particulier, et aboutit rapidement à la catastrophe, ce qui est le cas désormais. Car la politique, dans une république, consiste à prendre des engagements vis-à-vis d’autres personnes (électeurs, alliés, adversaires) pour agir au nom de la collectivité. Ce qui implique que l’on peut se payer leur tête, mais pas plus d’une fois de temps en temps : on « use son crédit » à chaque fois. Plusieurs personnalités importantes de son parti ont fait savoir aux oppositions villejuifoises la faible estime qu’elles avaient pour lui, du fait de son comportement.

      Ce qui me donne l’occasion de préciser un point important. Si nous avons accepté cette alliance, c’est que nous avions échoué pendant 20 ans, en tant que « Villejuif Autrement », à infléchir la politique de M. Cosnier puis de Mme Cordillot. Cette politique provoquait vers la fin du mandat Cordillot un véritable rejet dans la population. Nous nous sommes donc résignés à l’alliance bizarre avec des gens bizarres, P. Vidal et E. Obadia ne l’étant pas moins, dans leur genre, que F. le Bohellec. Nos objectifs étaient ambitieux : prendre enfin à bras le corps la question de la sécurité, rejeter la surdensification de la Ville par le PLU-Cordillot, lancer enfin l’économie sociale et solidaire à Villejuif (régie de quartier, épicerie solidaire etc) et en finir avec l’opacité financière et le « favoritisme immobilier ». Ce dernier point n’est finalement pas plus possible avec les le Bohellec-Vidal-Obadia qu’avec les Cordillot, dont acte.

      Mais ce désaccord politique avec l’équipe Cordillot n’était pas une critique contre la personnalité même de Mme Cordillot. Nous savons que dans la ville sa dureté envers de nombreuses personnes qui l’avaient sollicitée, sa froideur relationnelle, ont contribué à l’isoler politiquement. Cependant le PS et le PCF de Villejuif auraient le plus grand tort de s’en tenir à « on a perdu parce que Mme Cordillot ne savait pas dire bonjour aux gens dans la rue ». Nous savions toi et moi reconnaître ses qualités, et notamment son respect de la dignité républicaine, y compris à l’égard de ses opposants politiques.

      C’est la raison pour laquelle nous avons tenu à l’inviter à prononcer une allocution, aux cotés d’amis plus proches, lors de l’enterrement de Francine Comte, ma compagne et animatrice de Villejuif Autrement. Mme Cordillot s’en est acquitté avec une chaleureuse dignité. Je n’en doutais pas.

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      • Gigi 21 septembre 2016
        16:27

        Que certains aient entubé, d’accord mais qui a entubé plus les électeurs si non EELV

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        • Alain Lipietz 24 septembre 2016
          02:13

          Précisez, Gigi ! EELV et l’Avenir à Villjuif ont annoncé ce qu’ils feraient, l’ont fait à la mesure exacte de leurs moyens, et quand ils ont détecté un délit contre la probité sont partis après avoir fait valoir (en vain) que c’était plutôt à ceux qui y avaient manqué de partir.

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