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4 août 2017

Qui expulse les familles occupant l’ex-Gendarmerie ?

Vendredi 28 juillet, des hommes sont venus couper l’électricité dans l’ex-gendarmerie (au bord de la Nationale 7). Les familles, dont certaines avec enfants, ont dû évacuer, malgré la mobilisation de quelques humanistes villejuifois. On ne sait pas d’où vient le coup.

Les faits

Samedi 29 juillet en début d’après-midi, Natalie Gandais, en vacances, reçoit un coup de fil d’Antoine, un des squatteurs de la gendarmerie, père d’un bébé d’un peu plus d’un an. Il lui dit que la veille « des gens » (selon lui "la Mairie, Edf, ou Bouygues") leur avaient coupé l’électricité, et qu’ils cherchaient depuis à remettre le courant, avec EDF, sans succès. Natalie appelle A. Caporusso (adjoint en charge des affaires sociales), qui est en vacances en Italie, et qui promet de s’en occuper. Il envoie un mail au technicien d’astreinte de la ville, pour lui demander de rétablir le courant. Le maire l’informe alors "qu’une expulsion est en cours", sans lui dire qui en a pris l’initiative.

La propriété de la gendarmerie est en réalité revenue au Conseil départemental du Val-de-Marne (voir plus loin). A. Caporusso cherche à joindre sur son portable le conseiller départemental de Villejuif, P. Garzon (communiste, comme le président du Conseil départemental), qui ne lui répond pas. Quant à l’élue d’astreinte, Catherine Casel, maire adjointe aux associations, elle lui répond que l’été les bébés peuvent se passer d’électricité.

Natalie rappelle Antoine pour le prévenir, et lui conseille de rassembler ses affaires pour ne pas tout perdre (on se souvient des conditions d’expulsion brutales d’autres squatteurs…). Puis elle appelle notre amie Jeanine Rollin pour qu’elle essaie d’en savoir plus, et Patrick Stagnetto (revenu de sa marche de 78 jours de Paris à Saint-Jacques de Compostelle !) qui se charge de prévenir le père Marc (église de Villejuif).

Pendant ce temps, le commissariat du KB, interrogé par Jeanine, semble tomber des nues : la police n’a pas été informée d’un projet d’expulsion.

Mardi, notre ami Gloria discute avec des amis squatteurs : plusieurs sont en train d’évacuer vers d’autres lieux. Il s’agit en effet d’un squat « familial », très bien organisé. Quand ils se sont installés, ils sont venus en délégation trouver Natalie, qui était encore première adjointe, et l’ont assurée d’une occupation « en bons pères de famille ». Ils ont en effet retapé le bâtiment qui avait été laissé à l’abandon depuis des années et copieusement pillé. Ils avaient même des générateurs électriques. Mais ils avaient de plus en plus de mal à lutter contre les rats. Craignant une expulsion en force ils ont donc décidé d’évacuer, d’autant que la nouvelle de plusieurs départs de leur « squat organisé » attire comme toujours des squatteurs plus « craignos » qui viennent s’installer.

Jeudi, Jeanine qui a envoyé un mail au commissariat décrivant la situation reçoit la réponse suivante : « Bonjour Madame, Merci de votre courrier mais à notre connaissance il n’y a pas d’expulsion de programmée, tout du moins pas avec le commissariat !!! Pouvez-vous nous en dire plus svp ? Pour votre information, la situation des occupants fait toujours l’objet d’une attention particulière de la Sous-Préfecture. »

Voilà où nous en sommes.

Petit retour en arrière

L’histoire de ce bâtiment est compliquée. Quand une réforme des institutions policières a supprimé la gendarmerie en Ile de France, ses bâtiments ont échu aux départements. En Val-de-Marne ils ont en général servi à faire des centres d’hébergements d’urgence pour familles : parfaitement adaptés, avec des salles communes en rez-de-chaussée pour les réunions et l’accompagnement social, et des appartements très corrects pour les familles dans les étages.

Mais pas à Villejuif. Les socialistes (M. Teriltzian, Mme Taillé-Polian) étaient violemment opposés à un centre d’hébergement d’urgence, alors que les écologistes de la ville avaient demandé au préfet de réquisitionner ce bâtiment dans le cadre du « choc de solidarité » de l’hiver 2012 (comme celui du CGPA rue Delaune). Par ailleurs, les communistes, qui s’étaient discrédités auprès de musulmans de la Ville en s’opposant pendant de longues années à la construction (sur fonds propres !) de la mosquée Rachad avenue Youri Gagarine, ne trouvèrent rien de mieux, pour se dédouaner, que d’acheter le bâtiment de l’ex-gendarmerie au département pour 2,1 millions de francs, afin de le raser et de céder le terrain pour 99 ans et un euros par an ( !) à l’Association des Musulmans du Val-de-Bièvre (AMVB) afin d’y construire une seconde mosquée.

Or ce terrain jouxte… l’église copte, fréquentée exclusivement par des réfugiés égyptiens fuyant les persécutions islamistes. Les Coptes et l’Association des riverains du quartier Aragon (dont la présidente Isabelle Hamidi, réfugiée de Palestine, qui connaissait la mauvaise chanson des coexistences séculaires qui finissent mal), condamnèrent évidemment cette juxtaposition plus que malencontreuse. On leur objecta qu’il n’y avait « aucune raison » pour que les conflits du Proche-Orient se transposent dans Villejuif. C’était avant l’assassinat d’Aurélie Châtelain par un djihadiste projetant le mitraillage des églises de Villejuif, sur consigne venue de Syrie !

Ce projet fou est l’une des multiples raisons de la défaite de l’équipe Cordillot, aux municipales de 2014. La nouvelle majorité d’Union citoyenne commence par bloquer le projet. Natalie Gandais, alors première adjointe, entame les négociations avec une importante organisation humanitaire, Habitat et Humanisme, pour gérer la future restitution du site à sa vocation première de centre d’hébergement, et parallèlement présente une liste de 3 localisations alternatives possibles pour la seconde mosquée, dont le terrain serait cette fois acheté par l’AMVB. Celle-ci traîne à faire un choix, pendant que le bâtiment de l’ex-gendarmerie est la cible de pilleurs de cuivre. Heureusement, on l’a dit, des familles de squatteurs s’organisent et viennent retaper et re-viabiliser le bâtiment (décembre 2015).

Finalement l’AMVB se décida pour un terrain dans le nord de la RD7, et le projet de (jolie) seconde mosquée fut présenté aux riverains par le maire lui-même en février 2017.

Entretemps, en mai 2016, le Tribunal administratif (sur le recours de l’association des riverains du quartier Aragon) cassait la vente de la gendarmerie par le département à la Ville de Villejuif, ce qui « par voie de conséquence » annulait le bail. Le bâtiment redevenait propriété du département, et le maire, pour l’avoir, devrait passer devant le juge des contrats.

À l’automne 2016, le maire de Villejuif a bien tenté d’obtenir de la justice l’expulsion des squatteurs, mais le juge lui a justement répondu que n’étant pas propriétaire, il n’était aucunement fondé à réclamer l’expulsion.

Enfin, les relations entre les squatteurs et le promoteur de l’immeuble voisin semblaient courtoises, ils avaient encore récemment eu une discussion sur les modalités d’installation de la grue du chantier dans la cour de la gendarmerie.

Questions

1. Qui a donc pris la décision de couper l’électricité pour expulser les familles occupant l’ex-gendarmerie ? Pas la sous-préfète qui, nous l’avons vu, suivait la situation de ces familles « avec une attention particulière » et n’avait pas requis la force publique du commissariat du KB. Le maire de Villejuif n’est plus propriétaire et le jugement du TA ne lui a pas laissé la gestion du site. Il était pourtant au courant (selon son adjoint A. Caporusso) et a laissé faire. Logiquement la responsabilité en incomberait plutôt au propriétaire, le Conseil départemental du Val-de-Marne, à direction communiste. Officiellement, c’est EDF qui a jugé l’installation électrique trop précaire. Mais alors à quoi Moi Monsieur le Maire faisait-il allusion en informant son adjoint Caporusso d’une expulsion en cours ?

2. Et au fait, où en est la seconde mosquée ? Au grand étonnement de l’AMVB, ça n’avance pas : malgré ses solennelles promesses publiques, et malgré une réunion à la sous-préfecture, rien. Le maire ne cède pas le terrain à l’AMVB, il ne fait aucune démarche pour reloger les actuels occupants à titre précaire (Le Portail, l’Auberge des idées). En février, lors de la présentation du projet, les mauvaises langues murmuraient : « Le maire promet ça pour se concilier les musulmans, mais il va prétexter une opposition des riverains pour ne pas avoir à le faire ! » Sauf que le projet ne rencontre aucune vraie opposition…

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