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25 octobre 2016
Alain Lipietz

Surprise aux Lozaits : la Halle des Sports remonte des eaux

Le projet de Halle des sports, présenté brièvement aux habitants des Lozaits le 17 octobre, diffère sensiblement du projet qui a remporté le concours. Le gymnase n’est plus enterré et l’immeuble d’habitation est doté d’un étage supplémentaire. Pourquoi le maire ne l’annonce-t-il pas ?

Ce 17 octobre, les habitants du quartier prioritaire des Lozaits sont invités à la MPT Gérard Philippe pour parler de la rénovation urbaine. En fait il s’agit seulement de prendre les inscriptions pour des ateliers : le débat n’a pas lieu, c’est la n-ième consultation où les gens ne peuvent pas s’exprimer. Ils râlent !

Toutefois, une bonne nouvelle : monsieur Hennequin, le directeur de Novigère-qui-a-repris-Batigère, principal bailleur des Lozaits, se lance dans un éloge chaleureux de la régie de quartier. « On est partants, on la fera ! », dit-il. Le maire sourit jaune : y avait-il secrètement renoncé ? Jeanine Rollin-Coutant enfonce le clou. Nous savons que Batigère, depuis l’origine et fort de son expérience, est à fond pour les régies de quartier.

Mais la séance commence par un coup de pub de l’équipe Tougeron-Demathieu et Bard, vainqueur - à nos yeux illégitime - du dialogue compétitif de la Halle des Sports, venus présenter les appartements qui la surmonteront. L’équipe s’étale sur ces appartements à vendre, interrompue par les cris de la salle : « On n’est pas venu pour ça ! » ; « A quel prix, les appartements ? »

Les diapos défilent à l’écran. Quand apparait l’image du gymnase, Natalie sursaute : les baies vitrées semblent nettement plus hautes que sur les visuels du projet qu’elle a en mémoire. « Quoi ? Ils font le gymnase en surface ? Vite, une photo ! »

Autre « petit » détail : le maire annonce que l’ensemble sera livré en 2020, et non 2019 comme promis à la commission d’appel d’offre - et aux sportifs. Monsieur Moënne-Loccoz, le directeur de l’urbanisme (désormais DGA) explique que le permis de construire est à l’instruction. Mais visiblement, on a refait les plans.

Enfin, alors que personne n’a rien demandé, les promoteurs précisent que leur projet « tient » dans les hauteurs imposées par le PLU. Et qu’il y a une « brèche entre deux cages d’escalier pour éviter l’effet de barre ». Tiens, tiens…

Petit rappel

Si vous connaissez déjà l’histoire, passez directement au point suivant, le jeu des 7 erreurs. Si vous voulez en savoir plus, c’est là.

Le projet « gagnant », en janvier dernier, était très proche de celui conçu par l’architecte Tougeron et le promoteur Devil pour la pré-étude commanditée par Mme Cordillot. Dans les 10 premiers jours de la mandature – nous le comprendrons beaucoup plus tard - M. Monin et F. le Bohellec négociaient une reprise : Tougeron garderait l’architecture tandis que l’UMP fournirait un autre promoteur : Demathieu et Bard. À la demande du directeur de l’urbanisme, on voterait une modification du PLU 2013 pour augmenter la hauteur constructible dans ce secteur afin que l’opération puisse "s’équilibrer".

Natalie Gandais avait pourtant bataillé un an pour imposer un appel d’offre ouvert et honnête. Un bien meilleur projet avait été proposé par le groupement Sogeprom,

Des avantages majeurs (bien identifiés par les services techniques de la Ville) caractérisaient le projet Sogeprom :

  • Un gymnase de plain-pied (et non pas semi-enterré) qui serait moins coûteux à équiper, à entretenir, et plus sûr en cas d’évacuation. En outre un gymnase enterré risquait de patauger dans la nappe phréatique : D&B prévenait justement que la ville aurait 400 000 euros à sa charge si des fondations spéciales s’avéraient nécessaires.
  • Sogeprom livrait la coque 5 mois plus tôt : un avantage important s’agissant d’un équipement qu’attendent les sportifs et tous les élèves du collège Karl Marx.
  • Un éclairage naturel, grâce à des skydômes en toiture.
  • Dès la première audition, le bénéfice offert à la ville par Sogeprom était supérieur de 3 millions d’euros à ce que propose Tougeron-D&B.
  • Les appartements étaient offert à 4000 euros le mètre carré, soit 200 euros de moins que ceux de Tougeron-D&B.
  • Sogeprom proposait des commerces en rez-de-chaussée sur l’avenue Gagarine.

Mais la manœuvre pour attribuer le marché à D&B a été la plus forte. L’avantage de 200 euros le mètre carré pour les futurs habitants fut ignoré (soit au total 1,6 millions de plus pour D&B). Même chose pour les délais de livraison. « Mystérieusement », D&B-Tougeron augmenta son offre de 3,5 millions d’euro en faveur de la Ville. Face aux arguments des services contre un gymnase semi-enterré, M. Monin et F. le Bohellec assénèrent que c’était mieux pour les sportifs, car les spectateurs n’auraient pas à monter pour prendre place dans le gradins ! Enfin, M. Monin ne voulait pas de la lumière zénithale offerte par les skydômes car « ça éblouirait les sportifs »…

La suite est connue : Natalie Gandais annonce qu’elle soupçonne un délit de favoritisme et qu’elle sera dans l’obligation d’en alerter le procureur (art. 40 du code de procédure pénale). Le maire, son groupe et les deux autres (Obadia et Vidal) lui écrivent que si elle fait ça, elle sera virée. Elle ne cède pas au chantage. Tougeron-D&B l’emporte avec les voix de la droite et de Mme Cordillot. Natalie est virée et l’Union citoyenne éclate.

Le jeu des 7 erreurs

En septembre, l’information filtre : le gymnase barbotera bien dans la nappe phréatique. Il faudra des fondations spéciales, la ville en est pour 400 000 euros de sa poche. Nous donnons l’info sur ce site. Aussitôt Ph. Vidal dément sur Facebook : ça ne coûtera rien, D&B a une solution.

Et la voilà, la solution trouvée par Tougeron et D&B : déterrer le gymnase, le faire sortir de l’eau comme un bouchon de liège ! Au lieu de pomper la nappe phréatique, Tougeron pompe la solution Sogeprom…

Ce n’est pas tout. A tête reposée, photos en main, nous comparons le projet adopté par la commission d’appel d’offre et celui présenté le 17 octobre. Un jeu des 7 erreurs. Jouez avec nous !

Projet adopté en CAO le 18 janvier 2016

Projet présenté aux Lozaits le 17 octobre 2016

  • 1ère erreur Comparez la hauteur des baies vitrées du gymnase, remarquez l’espèce de terrasse en avant de sa toiture, comptez les étages derrière le gymnase : le toit du gymnase est plus haut d’un étage. Comme la hauteur totale du gymnase est réglementaire, si le plafond est plus haut cela signifie que le plancher est également plus haut : le gymnase n’est plus enterré.
  • 2e erreur Comptez bien : les bâtiments d’habitation aussi ont pris de la hauteur. R+8 au lieu de R+7 pour celui de droite : Tougeron et D&B fourguent un étage de plus ! Du coup, 167 logements sont annoncés le 17 octobre, tandis que le dossier retenu par la CAO de janvier en prévoyait 146. Dans 94 –Citoyens, en mars, qui reprenait pourtant la première image (celle de janvier), on en était déjà à 155. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Quand les bornes sont franchies, y a plus de limite… Les habitants de la barre en R+4 sur l’autre trottoir de l’avenue Youri Gagarine seront face à une falaise. Même pas sûr que ça tienne dans le PLU adopté…
  • 3e erreur Le bâtiment de gauche semble plus biscornu, le bâtiment de droite semble l’être un peu moins. Les privilégiés qui ont pu admirer la pureté des lignes du projet de Mounir Soubaï de l’agence Antony Béchu (internationalement reconnue) pour Sogeprom mesureront ce que Villejuif a perdu. Même F. le Bohellec préférait l’architecture de Sogeprom.
  • 4e erreur Tougeron a rajouté des skydômes sur le gymnase. Encore une idée du projet Sogeprom. Finalement, Monsieur Monin, la lumière zénithale n’éblouira pas les volleyeurs ?
  • 5e erreur Tiens, les toits des immeubles d’habitation ne sont plus végétalisés ? Pour faire pleurer Mme Casel qui avait voté l’exclusion de Natalie Gandais parce que ces toits végétalisés lui plaisaient ? Pourtant, le PLU de Natalie impose des toits végétalisés.
  • 6e erreur Encore plus fort... Regardez bien le bâtiment au premier plan (où est maintenant la cantine du collège). C’est la tribune d’André Lurçat, classée monument historique, sur laquelle l’autre architecte de D&B, Marie-Odile Foucras, prétend s’être alignée. Elle passe de l’ocre au jaune pâle, mais surtout elle semble aussi propulsée vers le haut : voyez comme elle semble maintenant "mordre" sur le stade. Comment est-ce possible, s’agissant d’un bâtiment existant ? Aurait-on - sur l’image - rehaussé son socle d’une hauteur équivalente à la remontée du gymnase et à l’étage supplémentaire, pour mieux tromper les spectateurs du 17 octobre ?

Ce soir là, ni le maire, ni monsieur Moënne-Loccoz, ni D&B n’annoncent tous ces changements...

****

Alors ? Il n’y a plus de loi, plus de règle, de procédure, d’instruction par les services, de commission d’appel d’offre ? F. le Bohellec n’avait qu’à dire dès avril 2014 : « Moi Monsieur le Maire Maitre du Monde j’ai choisi Demathieu et Bard, je me suis mis d’accord avec Tougeron, et je fais ce que je veux » : on aurait gagné deux ans.

Cette affaire tourne au scandale, non seulement politique et financier, mais urbanistique et même déontotologique. Tougeron et D&B ont gagné ce dialogue compétitif par pur favoritisme. Tougeron repique maintenant les bonnes idées de son concurrent, que les services de la Ville avaient identifiées du premier coup d’œil. Demathieu et Bard, qui doit payer à Villejuif 3,5 millions de plus que convenu avec Mme Cordillot, se rattrape sur le dos des habitants, en les entassant sur un étage de plus et en faisant payer plus cher les appartements. Tout ça en accumulant un retard considérable au détriment des sportifs. Et pour camoufler se qui se trame, on falsifie les documents présentés au public...


On se fiche du monde. Le résultat du concours doit être annulé, le mauvais joueur éliminé, et comme dans les compétitions sportives, c’est le deuxième qui doit être déclaré vainqueur !

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Commentaires

1 Message

  • Alain Lipietz 28 octobre 2016
    21:24

    Rétrospectivement, il me paraît clair que le maire, M. Moenne-Loccoz (directeur de l’urbanisme au moment de la CAO de janvier, promu depuis Directeur général adjoint, l’un des organisateurs de la réunion du 17 octobre), ainsi que Tougeron-Demathieu&Bard, avaient une idée en tête en présentant aux habitants ce projet « rectifié » (sans le dire) de la Halle des sports, en marge d’une réunion « de concertation » sur la rénovation urbaine des Lozaits. Ils pourraient dire plus tard que le surhaussement de l’ensemble du projet avait été présenté aux habitants « sans que personne n’élève d’objection ». C’était une habitude constante de F. le Bohellec quand nous faisions partie de la majorité : faire défiler des images sur un écran à titre d’information (sans nous laisser de tirage papier), et des semaines plus tard affirmer que la concertation avait eu lieu et que nous avions donné notre accord…

    Ici, même tentative. Pour qu’elle réussisse, il aurait fallu que personne ne remarque que le projet avait « bougé ». C’était compter sans l’œil exercé des expertes et experts de l’Avenir à Villejuif ! Mais tout a été fait pour tromper les yeux moins exercés. En témoigne la perfection du trucage, assez admirable.

    Comme je l’ai dit, Natalie a reconnu du premier coup d’œil, grâce aux fenêtres que, le gymnase semi-enterré était « sorti de terre ». Puis, photos en main, on a pu constater que l’immeuble d’habitation était rehaussé de un ou deux étages.

    Mais comment était-ce possible, si on regarde les deux images ? L’ensemble paraît n’avoir pas « bougé » par rapport au bâtiment existant, au premier plan, la « tribune de Lurçat » (actuellement cantine du collège Karl Marx). C’est une architecte du cabinet Tougeron qui nous a mis sur la voie en soulignant (maladroitement !) que le bâtiment s’alignait sur la tribune. Et en effet, double-décimètre en main, nos avons constaté que la hauteur du rez-de chaussée de la tribune est doublée par rapport à la réalité ! C’est la « 6e erreur » dans l’article.

    Mais il fallait à son tour camoufler ce trucage, détaillé par le « .gif » de notre infolettre. Regardez bien ! et s’il le faut, tirez les deux images sur votre écran et agrandissez-les.

    D’abord, l’image du 17 octobre est bien un trucage de l’image de janvier 2016 : le paysage n’a pas bougé, les footballeurs sont toujours à la même place ainsi que les gens qui bavardent au long du trottoir de l’avenue Karl Marx. Y compris ceux qui passent devant la porte rouge de la tribune Lurçat : c’est imprudent, car on voit bien ici que la façade est maintenant bien plus haute que la porte !

    Le camouflage du trucage consiste en ceci. Le bord du bas de l’image du 17 octobre passe exactement par l’angle supérieur du second étage de la tribune Lurçat, exactement comme c’était le cas avant trucage (1ere Image). Du coup on ne remarque pas que la tribune a « grandi » pour camoufler le « grandissement » du bâtiment Tougeron-D&B.

    Comment est-ce possible puisque le trucage a surhaussé tous les étages de la tribune ??

    Eh bien le bord inférieur de l’image a suivi ! Regardez bien : il traverse désormais la gauche du passage protégé sur l’avenue, alors que dans la première image il était nettement au dessous.

    Pourtant les deux images sont des rectangles égaux ! Comment est-ce possible si on a rogné le bas sans toucher le haut de l’image, où l’on aperçoit toujours les Lozaits nord et les arbres de l’avenue Youri Gagarine ?

    Alors là, c’est un vrai travail de pro : on a aussi rogné, proportionnellement, le coté droit de l’image. Les footballeurs en rouge, qui s’apprêtaient à intercepter le ballon, ont disparu. Donc l’image est un tout petit peu plus petite ? Oui et il ne restait plus qu’à l’agrandir très légèrement, au même format que le première.

    Soit quatre opérations successives pour camoufler la modification du projet ! Qui, de MM le Bohellec, Moënne–Loccoz et des cabinets Tougeron et D&B a pu faire ça ? Pas F. le Bohellec, il est trop nul en trucage

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