L’Avenir à Villejuif
Écologie - Démocratie - Solidarité

Categories

Accueil > Thémes > Economie et Finances > Quand les spéculations monétaires de l’équipe Cordillot tournent à la (...)

Imprimez !
5 mars 2014

Quand les spéculations monétaires de l’équipe Cordillot tournent à la catastrophe

L’endettement de Villejuif, qui pèse sur le dos des contribuables, a de multiples causes. La plus surprenante : Villejuif a spéculé sur les monnaies, et en paie aujourd’hui le prix. Comment est-ce possible ?

Aussi incroyable que cela paraisse, la majorité sortante de Villejuif s’est associée aux « traders » (les spéculateurs professionnels de la haute finance) de la Société Générale et de la Banque Dexia, pour spéculer sur les monnaies dans « l’économie-casino » qui est entrée en crise en 2008.

Ces traders, constamment dénoncés par ces mêmes partis au pouvoir à Villejuif, mais aussi par EELV et son eurodéputée, la juge Eva Joly, passent leur vie à faire d’audacieux paris qui leur rapportent beaucoup, à eux et à leur banque. Mais quand ils perdent leur pari… eh bien, leur banque peut faire faillite, sauf si l’État vole à leur secours. Ce qui est arrivé pour la Banque Dexia, malgré 6,5 milliards d’aides de l’État belge et autant de l’État Français.

Avant d’en arriver là, les spéculateurs ont essayé de faire partager les risques qu’ils prenaient… par des municipalités telles que Villejuif qui se sont associées à ces spéculations financières.

En effet, les banques qui spéculent cherchent à « s’assurer », c’est à dire payer une sorte de cotisation sur leurs gains pour que, en cas de pépin, d’autres, dont les municipalités, volent à leur secours. Et parmi les « pigeons » qui ont accepté ce rôle dangereux… l’équipe de Mme Cordillot (PCF) et de ses adjoints aux finances successifs.

Le deal est le suivant. Les traders de la Société Générale ou de Dexia prêtent à Villejuif en dessous des taux du marché. Ils accordent donc à Villejuif une sorte de « rabais », et ce « cadeau » est en quelque sorte leur cotisation d’assurance. Villejuif profite ainsi de leurs spéculations. Mais le contrat de ces emprunts (dits « structurés ») précise que, si les choses ne tournent pas comme avaient parié les traders, alors les frais financiers que Villejuif doit rembourser vont exploser, pour aider les spéculateurs de Dexia ou de la Société Générale à éponger leurs pertes ! Ces emprunts sont alors appelés « toxiques ».

Et bien entendu, pas plus que votre assureur ne peut rompre son contrat une fois que l’accident a eu lieu, Villejuif ne peut dire aux banques « Ah ! Mais non ! On avait signé parce qu’on croyait que vous étiez bons spéculateurs ! Mais vous avez eu un accident, alors ça va plus, tenez, on vous rend tout de suite votre argent et adieu ! » Il y a en effet de fortes indemnités à payer si Villejuif tente de faire ça.

Un exemple : L’emprunt 530 auprès de Dexia (devenue la banque SFIL après sa faillite et son démantèlement), de 7,25 millions d’euros, est remboursé en 2013 et 2014 au taux de 14,7 % soit plus d’un million d’euros d’intérêts par an ! Pourquoi ? Parce que le franc suisse n’a pas évolué par rapport à l’euro comme les traders et Mme Cordillot avait prévu. Pour d’autres emprunts, c’est à cause du Yen par rapport à la Livre sterling, etc.

Certes ce n’est pas la faute de Mme Cordillot si les cours du Yen, du Franc suisse ou de la Livre sterling se sont baladés comme ça. Certes, quand tout se passe bien, Villejuif profite de la bonne fortune des spéculateurs. Mais était-ce bien la responsabilité des contribuables de Villejuif que de se faire les « assureurs » des spéculateurs ?

Certes, ces contrats étaient difficiles à comprendre, et Villejuif n’est pas la seule ville à s’être fait pigeonner. D’ailleurs, des procès sont en cours contre Dexia qui avait embobiné des équipes municipales pas très compétentes. Mais si Mme Cordillot et les maires-adjoints aux finances successifs ne se sentaient pas très sûrs de leurs capacités à jouer au casino de la finance, pourquoi l’avoir fait en notre nom ?

Et surtout : comment des gens qui se prétendent « de gauche », et critiquent à longueur de tract les spéculateurs financiers, ont-ils pu s’acoquiner avec des banques spéculatrices et accepter de partager leurs gains, au risque de devoir partager leurs pertes ? Comme s’ils ne savaient pas de combien de millions de licenciements (ici ou ailleurs), de combien de drames se paient, pour tous les travailleurs du monde, ces fluctuations sur le cours des monnaies qui nourrissaient les « bonus » de ces emprunts, quand tout allait bien pour les traders et pour les finances de Villejuif ?

Et ne parlons même pas du choix de ces banques, la Société Générale, championne de la spéculation risquée (affaire Kerviel) et des parachutes dorés, ou Dexia, son financement de la colonisation dans les Territoires Occupés, des chantiers d’esclavage en Birmanie…

Et nous, que ferons nous ?

Pour ce qui est de ces emprunts qui restent à payer, il faudra croiser les doigts pour que la justice donne raison aux villes « pigeonnées », en arguant de la mauvaise rédaction des contrats. Sinon, il faudra continuer à payer les pots cassés par l’équipe Cordillot. Nous ne pourrons pas dire : « C’est pas nous, c’est la dette illégitime de Mme Cordillot, nous on n’a rien à voir avec ça ». Car c’est un principe fondamental de la démocratie que chaque équipe élue reste responsable des dettes de la précédente.

Mais nous saurons profiter de la moindre occasion pour glisser vers des emprunts de « maire de famille », même s’ils sont un petit peu plus chers. Par exemple auprès de la Banque Européenne d’Investissements, qui par son seul nom (Europe ! ) semble avoir fait fuir l’équipe sortante, alors qu’elle fut justement crée pour aider les villes à se développer.

Cela demande beaucoup d’expertise dans la prochaine équipe municipale. D’où le choix de certains de nos candidats. Ainsi :

Soledad Zignago, de nationalité espagnole (et qui peut donc participer à notre vie municipale) est directrice adjointe à la Banque de France, économiste au Centre d’études prospectives d’informations internationales, et a travaillé à la Banque BBVA.

Alain Lipietz, rapporteur au Parlement européen sur les règles prudentielles et la surveillance des conglomérats financiers, et rapporteur sur la Banque Européenne d’Investissement, est directeur de recherche en économie au CNRS.

José Victor Alves, franco-brésilien, est docteur en économie.

Guy Dreux est professeur de sciences économiques et sociales.

Partager

Commentaires

5 Messages

  • Samy 5 mars 2014
    11:30

    Bonjour,

    Merci pour ces précieuses informations, je me retrouve parfaitement dans votre analyse de la finance et en particulier de la société générale. Et je suis d’accord sur le principe que même si l’emprunt est plus intéressant financièrement nous ne devons pas y participer si cela peut nuire à des gens qui n’ont rien demandé via la spéculation. On devient en quelques sortes complices des requins de la finance.
    Pour information le choix des organismes de crédit passe t il par le conseil municipal ?
    Ça permettrait peut être de faire des choix plus raisonnés.
    Merci.

    repondre message

    • Alain Lipietz 5 mars 2014
      13:54

      Bonjour Samy
      tout ce qui relève du budget passe par le "législatif" correspondant, donc devant le conseil municipal. Encore faut-il qu’il soit "bien informé". Normalement, les services proposent à l’exécutif (le bureau municipal) de contracter tel emprunt. Puis le bureau (s’il reprend la suggestion des services) fait examiner cette option par une commission du consel municipal, qui finalement la vote ou pas.
      Le problème, c’est une certaine démobilisation des conseillers d’opposition, et un certain jmenfoutisme doublé d’ignorance des conseillers de la majorité. Qui va examiner les termes d’un emprunt quand la maire explique "C’est à taux d’intérêt particulièrement avantageux" ? C’est à la maire et à l’adjoint aux finances de dire aux services : "D’accord , la SG et Dexia nous proposent des taux avantageux, mais si ça tourne mal c’est nous qui payons et on n’est pas là pour spéculer sur la parité entre Yen et Franc Suisse. En plus, politiquement on est contre."
      D’où l’insistance que nous avons mis à composer une équipe d’économistes confirmés pour L’avanir à Villejuif.
      Outre Soledad et moi, économistes confirmés au niveau international (ce qui ne garantit pas contre les erreurs, attention ! ) nous avons un professeur d’économie, Guy Dreux. Nous ne serons pas tous maire adjoints ni même peut-être élus, mais tous nous pourrons contrôler notre gestion financière en permanence.
      Cordialement

      repondre message

  • Alain Lipietz 5 mars 2014
    22:27

    On nous communique :
    1. Fayçal Arrouche n’était pas adjoint aux finances au moment de la signature de ces emprunts. Plus tard, devenu adjoint aux finances, il a participé uniquement à la renégociation de ces emprunts.
    C’est tout à son honneur.
    2. En outre, il n’est pas membre du Parti de Gauche.

    repondre message

  • Fabrice 16 novembre 2014
    15:52

    Bonjour,

    En 1927, le juriste Alexander Sack a donné naissance à la notion de "dette odieuse" définie comme suit : "dette contractée par un régime despotique pour des objectifs étrangers aux intérêts de la Nation, aux intérêts des citoyens". Cette définition a été réactualisée par le Centre for Internationel Sustainable Development de l’université McGill de Montréal : peuvent être considérées comme dettes odieuses celles " contractées contre les intérêts des populations d’un Etat, sans leur consentement et en toute connaissance de cause du côté des créanciers ".

    Il y a fort à parier que les pots cassés de ces "spéculations monétaires" devront intégralement être assumées par les citoyens (moins de moyens pour les écoles, pour la culture, pour le social...). Cette notion de "dette odieuse" permet de s’interroger sur la possibilité pour nous, citoyens, de refuser d’avoir à honorer des créances contractées sans notre consentement.

    Fabrice

    repondre message

    • Alain Lipietz 16 novembre 2014
      23:27

      Bonjour Fabrice
      Oui nous tenterons de rompre l’étranglement de la dette municipale, et sans le faire payer aux citoyens. Mais il me semble difficile de considérer que cette dette répond à la définition de Sack. Les municipalités successives dirigées par M. Cosnier puis Mme Cordillot, qui ont contractées ces dettes, n’étaient pas très démocratiques, mais pas non plus des "régimes despotiques aux intérêts étrangers à ceux des citoyens". Certes leurs intérêts se sont écartés de plus en plus de ceux des Villejuifois, mais ce n’est pas seulement à cause de la fraude qu’ils ont été réélus jusqu’en 2008. On peut même dire qu’ils ont su dépenser l’argent de la ville, imprudemment certes, mais de façon suffisamment démagogique, en cachant leurs fautes de gestion, et en semblant le faire au profit de la population. C’est pourquoi Villejuif a tant de fois revoté pour eux.
      Je pense même qu’une partie d’entre les élus communistes ou socialistes a cru bien faire, en pensant que c’était la faute des autres (les gouvernements de gauche ou de doite, les entreprises… ) s’ils ont raté leurs spéculations foncières (les ZAC) comme leurs spéculations financières… Ils pensaient avoir de bonnes raisons.
      En tout cas, la responsabilité de leurs "mauvais conseillers", les banquiers et traders de Dexia, fut dans ce cas écrasante. Ce qui est étonnant , c’est que des élus communistes et socialistes, qui condamnaient la finance et "l’économie casino", se soient laissés tenter. D’autres municipalités, communistes ou socialistes, ont eu plus de jugeote !

      repondre message

Répondre à cet article

Vous retrouverez cette page sur internet :
http://laveniravillejuif.fr/spip.php?article201