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Devant la mobilisation des parents et enseignants

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5 novembre 2016
Alain Lipietz

Le maire renonce à fermer la maternelle Karl Marx… en 2017

Mobilisation de parents, élus et enseignants ce samedi matin à 9 h à Karl Marx. Entrevue avec le maire à 11 heures. Il promet de ne pas fermer en 2017. Pour la suite, il discutera avec les autres directeurs d’école.

Mobilisation dans la maternelle

Ce samedi matin, 9 heures, une bonne soixantaine de parents (soit plus de la moitié des familles mobilisées, ce qui est énorme pour ce quartier) sont réunis sur les tout petits bancs de la maternelle, contre le projet de fermer l’école (voir nos articles ici et ).

Le directeur de l’école et le président des parents d’élèves racontent la difficulté d’obtenir des informations du maire et de Madame Ouchard, la maire adjointe aux écoles. En revanche, la Dasen (l’inspection académique) et le préfet ont confirmé avoir reçu une lettre du maire demandant l’autorisation de la fermer.

Ils donnent trois infos importantes :

1. Le Conseil départemental de l’éducation nationale (qui regroupe des représentants de toute la communauté scolaire ) a voté à l’unanimité contre cette fermeture.
2. L’ensemble des directeurs d’école de Villejuif s’oppose à cette fermeture, dans une lettre ouverte au maire.
3. Mme Ouchard est (enfin !) venue devant le conseil d’école de la maternelle. Après avoir dit « je n’ai pas à vous répondre », puis avoir nié le projet de fermeture, elle a fini par l’admettre.

Le directeur réfute les arguments du maire (tels qu’on les perçoit sur son faceboook ou indirectement, car il n’a pas été informé directement), comme le coût des réparations (dû au fait que le bâtiment est un monument historique).

Lui et plusieurs enseignants avancent un argument important : c’est uniquement parce que cette école est en Réseau d’éducation prioritaire qu’elle peut accueillir les enfants de deux ans. Si les enfants de K. Marx sont aiguillés vers Jean Vilar, ce ne sera plus possible. Les parents d’élèves et les enseignants de Lamartine et Jean Vilar clament par ailleurs qu’il n’y plus de place chez eux.

Natalie Gandais intervient alors pour raconter ce qu’elle a fait réparer quand elle était adjointe aux travaux et aux patrimoine. Elle montre les plafonds refaits, les portes anti-pince-doigts fabriquées par les ouvriers de la Ville, la toiture réparée (mais il y a un contentieux avec le collège voisin sur « qui doit payer ») : il est possible de passer outre les diktats d’un architecte des Monuments historiques trop dogmatique. En revanche, les services annonçaient un devis de 2 millions d’euros pour une réfection lourde, et des coûts démesurés de séparation des réseaux (chaleur, eau, électricité) d’avec le collège. Ces arguments poussaient à céder le bâtiment de l’école au département, lequel était demandeur selon les dires d’un des directeurs de la ville, dans le cadre de la convention en cours de négociation depuis des années.

Je suggère que si le département s’engageait à ne pas reprendre le bâtiment de l’école, ça rendrait plus difficile au maire de la fermer pour la céder.

Ph. Vidal, en tant que maire adjoint au patrimoine, explique n’en avoir jamais discuté avec le maire : « Je veux bien discuter de la fermeture d’une école, mais il faut qu’on me dise pourquoi. » Selon lui, il n’y aura pas de majorité en conseil municipal pour fermer l’école.

La foule part en cortège vers la salle Cardin en centre-ville, où le maire a donné rendez-vous à 11h.

Natalie et moi en profitons pour filer en vélo accueillir Mme Tranh, auteure d’un livre bouleversant sur la guerre du Viêt-Nam et les terribles conséquences de « l’agent orange ».

L’entrevue avec le maire

Le maire, Mme Ouchard, les conseillers de droite arrivent en nombre avec M. Moënne-Loccoz, pour s’apercevoir qu’ils ont oublié de prendre la clé (indice significatif de l’effondrement de l’administration municipale). On poireaute. La clef arrive. Le maire décrète que seuls sont admis les parents et enseignants de Karl Marx. Pourtant les élus de droite, dont Mme Casel, s’engouffrent dans la salle. Les autres élus ou parents d’élève d’autres écoles restent à la porte, comme la journaliste du Parisien.

Maire adjointe villejuifoise barrant la route à un conseiller départemental.jpg

Restent donc dehors d’importants partenaires de la Ville, comme Mme Taillé-Polian, conseillère régionale, ou M. Garzon, conseiller départemental ! La petite foule restée à la porte en profite pour se lancer dans une discussion passionnée.

Profitant de la présence de la presse, je demande à M. Garzon, conseiller départemental de Villejuif et membre de l’exécutif du conseil, de s’engager au nom du conseil du Val-de-Marne à ne pas racheter cette école. Il répond qu’il n’en a jamais été question, donc il n’a pas à s’engager, puisque la question n’est pas posée. Ce que je déments (il en est question depuis belle lurette), mais peu importe comment il le dit : il s’engage contre le rachat par le département.

Arrivent des policiers municipaux « appelés par le maire ». Stupéfaction. En fait ils ne sont pas là à cause de nous, simplement ils accompagnent le maire dans ses déplacements. On leur fait (très gentiment) observer que c’est peut-être pas le meilleur emploi de la police municipale.

Le débat devant la porte reprend sur un mode apaisé (voir plus bas)

Midi : les profs et parents commencent à sortir et livrent l’information. Le maire s’est engagé à ne pas fermer à la rentrée de septembre 2017. Mais il ouvrira une discussion avec les directeurs des groupes scolaires, son orientation étant quant même qu’à l’horizon 2020-22 il n’y ait plus que des groupes scolaires (maternelle +élémentaire), c’est à dire qu’il n’y ait plus de « maternelle orpheline » (Karl Marx et Fernand Pelloutier)

Éléments du débat

Ici, je ne cite pas qui a dit quoi, dans cette discussion de militant-e-s Front de Gauche, PS, EELV, FCPE, CNT… Un débat vise à faire avancer les idées, chacun peut changer d’avis, rechercher un consensus : il ne s’agit pas de « prendre position ».

1. Il faut d’abord distinguer deux choses :

- Fermer ou pas l’école (et alors le bâtiment est « désaffecté », il attend de servir à autre chose). La décision de fermer la maternelle K. Marx (et plus tard Pelloutier) est, d’après les documents dont nous disposons (voir ici , § « Ce que nous savons de la maternelle Karl Marx »), prise par le maire à la date du 17 juillet 2015. Le maire doit alors demander l’avis du préfet et de la Dasen (ce qu’il a fait) puis obtenir un vote positif du Conseil municipal.

- Céder ou pas le bâtiment à quelqu’un d’autre. Le dernier document dont nous disposons est la demande des services, le 24 décembre 2015, de faire un choix définitif : ou l’affecter à un centre artistique périscolaire et de quartier (Le Chêne, Mom’artre), ou la céder au Conseil départemental pour un rattachement au collège mitoyen (voir les extraits au même endroit.)

2. Pourquoi fermer l’école ?

- Pour des raisons budgétaires. D’une part, il est plus commode de faire fonctionner des groupes scolaires (l’écrasante majorité des cas dans Villejuif : Lebon, Paul Langevin et Marcel Cachin pour s’en tenir au réseau d’éducation prioritaire) que des petites écoles isolées. D’autre part le caractère de monument historique de K. Marx la rend peu maniable pour une maternelle, car les travaux d’entretien doivent obéir à deux systèmes de normes.
Tel est clairement le premier mobile du maire et il n’y renonce pas, à terme. Mais on peut se demander si c’est une bonne stratégie. De petites maternelles c’est mieux pour les petits enfants, surtout si on conteste qu’il reste vraiment de la place dans les groupes scolaires existants.

- Par ailleurs on peut avoir le projet de céder le bâtiment, ne serait-ce que pour ne pas avoir à payer une rénovation lourde. C’est sans doute ce qu’a tenté le maire.

3. Pourquoi le 17 juin 2015 Natalie Gandais n’a pas protesté contre la fermeture de l’école ?

Parce que le fonctionnement d’alors de l’Union citoyenne était très cloisonné, chaque maire adjoint veillait à son « territoire ». Maintenir ou non des classes dans ce bâtiment dépendait exclusivement du maire et de la maire adjointe aux écoles, Mme Ouchard, qui étaient pour la fermer. Natalie Gandais n’avait pas son mot à dire sur ce point, elle n’était là qu’au titre de maire adjointe en charge des travaux et du patrimoine (la propriété municipale des bâtiments).

Elle n’avait compétence que sur la seconde question : garder ou pas le bâtiment. L’objectif "de repli" de notre groupe était du moins de le garder pour la Ville au service des quartiers sud (délégation politique de la ville et affaires sociales de Monique Lambert Dauvergne), en l’affectant à des associations (délégation de Sylvie Thomas) s’occupant du péri scolaire et de l’animation artistique, telles que Mom’artre.

4. Pourquoi céder le bâtiment ?

- Du coté du maire : toujours des raisons budgétaires.

- Du coté du département, éventuel acheteur : ça dépend comment il conçoit la démographie à venir de Villejuif. La population va s’agrandir et la Ville prévoit (depuis le mandat de Mme Cordillot) au moins trois groupes scolaires supplémentaires. Ce qui fait logiquement un collège de plus. Or le département n’a pas « réservé » d’espace pour un collège, ni au PLU 2013, ni au PLU 2015. Il envisage donc, probablement, de simplement accroitre la capacité d’accueil des collèges existants : Guy Moquet, Jean Lurçat, et… Karl Marx (pour s’en tenir au Sud-Ouest de Villejuif).

Mais attention, « cession » ne veut pas nécessairement dire « vente » . La convention qui se négocie entre la Ville et le département autour de Karl Marx depuis le mandat de Mme Cordillot est complexe. Au départ, tout appartient à la Ville et le département n’en avait que l’usage (pour une partie des bâtiments Lurçat des deux cotés de l’avenue Karl Marx). La négociations porte sur « qu’est ce qui va être transféré au département en plein propriété » en échange de soultes, fonds de concours, etc.

Par exemple : le département versera un peu moins de 2 millions pour l’aménagement du gymnase dit " Halle des sports" en échange de la cession gratuite de la « tribune de Lurçat » (la cantine actuelle du collège), sachant que de toutes façons les collégiens de Karl Marx seront dans la journée les principaux usagers de la Halle des Sports.

Et le 24 décembre 2016 ce jeu d’échanges n’est pas encore débouclé. Comme nous en avons donné la preuve, Natalie Gandais s’oppose à la cession le 15 janvier 2016…et elle est destituée de toutes ses fonctions le 19 !

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