L’Avenir à Villejuif
Écologie - Démocratie - Solidarité

Categories

Accueil > Actualités > Fin de la mosquée du Bas de la côte, rupture entre le maire et l’Association (...)

Conseil municipal du 28 septembre 2018 (2)

Imprimez !
1er octobre 2018
Alain Lipietz

Fin de la mosquée du Bas de la côte, rupture entre le maire et l’Association des Musulmans de Villejuif

Sous un prétexte fallacieux, le maire reprend le terrain promis à la mosquée du Bas de la côte et injurie l’Association des Musulmans de Villejuif.

Dans le tsunami de nouveaux projets immobiliers adoptés à ce Conseil (que nous détaillerons dans un prochain chapitre) : le réveil de la ZAC Pasteur 3, au bas de la côte de Villejuif. Le maire y révoque le projet de mosquée, sous un prétexte semble-til mensonger, et en profite pour rompre brutalement toute relation avec l’Association des Musulmans de Villejuif.

Le réveil de la ZAC Pasteur 3

Vieux projet de l’équipe municipale précédente, le projet de ZAC Pasteur 3 s’étend entre la N7, la rue Pasteur et la rue H. Barbusse, au « Bas de la côte ». Le maire a renoncé à cette ZAC. N’empêche que le SAF (le Syndicat d’action foncière du 94) a acheté de nombreux biens : il « porte » nos réserves foncières pendant un temps déterminé au bout duquel la Ville doit lui racheter les terrains au prix initial actualisé, ou indiquer à qui les revendre. Et ces réserves foncières sont arrivées à échéance en juillet dernier. Le conseil municipal doit aujourd’hui voter le rachat de ces les terrains (il y en a pour 6 millions). Pour en faire quoi ? Seule précision donnée par le rapport : La Ville travaille actuellement en partenariat avec divers promoteurs au développement sur ce secteur d’une offre tertiaire de bureaux et d’activités.

Comme sur chaque rapport portant sur les projets immobiliers du maire, Natalie Gandais, seule membre de l’opposition à avoir suivi la Commission 2 (urbanisme), passe à l’attaque. Avec les mêmes critiques que pour toutes les opérations du maire de cet été : aucune précision n’a été donnée aux élus sur l’usage futur de ces terrains qui avaient pourtant fait l’objet d’une consultation à l’époque de Pasteur 3, les négociations se font avec les promoteurs dans le bureau du maire sans appel d’offre et ou mise en concurrence pour maximiser les revenus de la ville… Mais là il y a un os particulier :

—  La mosquée de l’Association des Musulmans de Villejuif et du Val de Bièvre, que vous avez présentée aux habitants le 21 février 2017, et qui devait s’élever sur la parcelle 77 à 79 avenue de Paris, fait-elle partie de "l’offre tertiaire de bureaux et d’activités" ?

Silence du maire. Les élus issus de l’ancienne municipalité rappellent l’historique de Pasteur 3 : une large consultation des habitants avait permis de définir un plan : un village de l’artisanat, maintien du mur d’escalade etc… Le maire se veut rassurant, reprenant intégralement les résultats de cette consultation :

— Zéro logement, il y en a déjà trop. Il y aura un village de l’artisanat, le mur d’escalade sera mis en valeur, il y aura une coulée verte…

Mais pas un mot sur la mosquée et le relogement du Portail, qui abrite dorénavant l’Auberge des Idées, et que le maire, le 21 février, s’est « solennellement engagé à reloger ». Je lui repose donc la question. Le maire déclare alors, tout rouge :

—  Il n’y aura pas de mosquée tant que l’Association des Musulmans de Villejuif n’aura pas payé ses arriérés de loyer.

L’AMV gère en effet une salle de prière et des salles culturelles rue Roger Morinet, dans un bâtiment de La Poste louée par la Ville, qui la sous-loue à l’AMV. J’interviens :

—  Mais prévoir une mosquée quelque part est un acte d’urbanisme, indépendant de savoir si l’association qui se propose de la construire est à jour de son loyer sur un autre site !

Le projet présenté en février prévoyait des bâtiments, un parking, les circulations manifestement négociées avec les services de la Ville, et sa situation, tout près d’un métro, à l’autre bout de la ville par rapport à la mosquée Rachad située avenue Gagarine, était optimale, d’un point de vue urbanistique.

Et là le maire éclate, au bord de l’apoplexie :

— L’AMV nous doit le loyer de la rue Morinet. D’ailleurs je ne veux plus en entendre parler. J’ai discuté avec Rachad : dans le cadre de la station de métro Trois Communes du Grand Paris, je leur propose de tripler leur capacité d’accueil, plus qu’ils n’en demandent. On n’a pas besoin de ces associations comme l’AMV qui refusent de fusionner avec les autres, on n’a besoin que d’une association sur Villejuif. Pour moi, l’AMV c’es terminé.

Pourquoi la crise ?

Le conseil municipal écoute, consterné. Le maire vient de déclarer la guerre à la moitié des musulmans de la ville, et de proposer de tous les entasser dans une mosquée à agrandir de l’autre côté de la ville, qui dessert déjà le nord de L’Haÿ les Roses.

Qu’est-ce qui peut expliquer le coup de sang du maire ? Ses éternelles négociations en tête à tête avec des promoteurs ? Alors qu’il avait promis devant la foule, le 21 février 2017, de revendre le terrain pour la mosquée au prix où le SAF l’avait acquis, les promoteurs seront prêts à payer bien plus.

Mais le coût politique est énorme. L’AMV, comme d’ailleurs Rachad, joue aux cotés des églises chrétiennes et de la synagogue un rôle essentiel dans la lutte contre les tensions interreligieuses et contre les djihadistes à Villejuif. Et cette vieille histoire de deux associations et de deux mosquées ne pose plus de problème à personne : bien sûr il faut deux mosquées à Villejuif, du moins lors des fêtes.

(Toute l’histoire de ces deux associations, en passant l’épisode du « tract à 2,1 millions d’euros » et de l’ex-gendarmerie, est dans notre article sur la présentation de la deuxième mosquée).

Le maire risque d’y perdre tout l’électorat musulman de la ville, pour glaner quelques voix en spéculant sur des réactions épidermiques islamophobes au bas de la côte, où le FN est parti chasser bien avant lui (dès le débat du 21 février !). Bref, je crois que c’est essentiellement un cadeau de plus aux promoteurs. Quant aux promesses du maire, sur le secteur de Pasteur 3 comme sur le projet de triplement de la mosquée Rachad, personne n’y croit, car le maire ment en permanence… Le prouve encore une fois son reniement des engagements du 21 février 2017.

Les réponses des associations musulmanes

L’Avenir à Villejuif a de bons rapports avec les deux associations musulmanes : ils étaient tous à la réunion que nous avions organisée sur la laïcité, avant les élections. Voir aussi la lettre que l’AMV nous a adressée en mars 2017, qui donne de nouvelles précisions sur leurs négociations avec les municipalités successives. J’appelle les uns et les autres pour recouper les "informations" de F. Le Bohellec.

Le point de vue de l’AMV : Ils tombent des nues mais ne sont pas complètement surpris. Après la réunion de février 2017, l’AMV et le maire se sont retrouvés dans le bureau de Mme la Sous-préfète, qui a approuvé le projet. Mais quand l’AMV a évoqué le relogement de l’Auberge des Idées, F. Le Bohellec a objecté qu’il n’avait rien promis. L’AMV a alors sorti une lettre du maire leur confirmant sa promesse de reloger le Portail et l’Auberge des Idées, ce qui l’a rendu furieux.

Puis le maire leur a envoyé un projet de nouvelle convention pour la rue R. Morinet. Le loyer passerait de 12000 euros par an dans l’ancienne convention (sur lequel ils n’ont plus de retard de paiement) à 70 000 euros ! L’AMV a bien sûr refusé, trouvant alors plus avantageux de négocier avec le véritable propriétaire du local, la Poste... Et depuis la rencontre avec Mme la Sous-préfète, il y a un an et demi, le maire ne leur donne plus signe de vie, malgré de multiples relances.

Le point de vue de Rachad : Rachad, depuis deux ans, peaufine avec les services de la mairie le permis de construire d’un doublement de leur mosquée pour supprimer les prières à l’extérieur (leur jolie mosquée est déjà trop petite) et que les femmes aient leur propre espace cultuel. Ils ont présenté leur projet au quartier, à la MPT Gérard Philipe, il a été bien accueilli par les riverains.

Ils n’ont jamais entendu parler de ce « triplement » dans le cadre des Trois Communes, ni de l’obligation de fusionner leur association loi de 1905 avec une autre, et n’interviennent pas dans les débats politiques. Leurs locaux sont ouverts aux fidèles sans distinction d’origine, de couleur, de profil (personne physique, association, ...) ou de sensibilité politique ou syndicale. Les activités de Rachad participent aussi à la stabilité des quartiers Sud de Villejuif. Par ailleurs, l’association veille à maintenir des liens cordiaux avec les représentants de la ville.

***

Le compte-rendu du conseil municipal du 28 septembre est en sept parties :

1. F. Le Bohellec enterre symboliquement l’Union citoyenne.

2. Fin de la mosquée du Bas de la côte, rupture entre le maire et l’Association des Musulmans de Villejuif

3. Affaire de la Halle des sports : le maire remet une pièce dans la machine

4. Tsunami de nouveaux projets immobiliers sur Villejuif

5. Kaufman&Broad City

6. Babilou Land

7. Lamartine, ZAC, PUP

Partager

Commentaires

Répondre à cet article

Vous retrouverez cette page sur internet :
http://laveniravillejuif.fr/spip.php?article910