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27 janvier 2018
Alain Lipietz

Cruauté en mairie

Malgré de multiples témoignages, le maire nie la récente tentative de suicide d’une agente en mairie. Une confirmation du caractère voulu de la maltraitance ayant conduit à ce drame.

Nous avons raconté la récente tentative de suicide d’une agente, heureusement enrayée par l’action rapide de collègues. Normalement, après un tel évènement, la hiérarchie se multiplie en déclarations de sympathie plus ou moins hypocrites : ce fut le cas lors du suicide de Thierry Holveg. Là, non : dans un communiqué, le maire… nie les faits, nie le rapport de la psychologue du travail et de la médecine du travail, accuse les syndicats de mensonge, enfonce la malheureuse salariée.

Rappelons les faits

Mme X se sent harcelée par sa supérieure hiérarchique, elle demande depuis longtemps à changer de poste. En congé pour dépression suite à ce harcèlement, elle obtient de la direction des Ressources Humaines (DRH) l’assurance qu’elle serait mutée à son retour de congé. Mais à la fin ce congé, elle est soumise à un véritable entretien d’embauche pour un nouveau poste qu‘elle n’a pu préparer. Elle reçoit une lettre de la DRH : " Puisque vous ne voulez pas du nouveau poste, vous retournez dans votre ancien service."

Assommée, désespérée, madame X prend rendez-vous, accompagnée de représentants du personnel, avec la DRH pour rappeler que ce n’est pas ce qui était prévu. Alors que le groupe attend dans le couloir, Mme X s’éclipse. Les délégués et les agents de la DRH ont la brusque intuition qu’elle est peut-être en train de commettre l’irréparable, la cherchent et la retrouvent en train de s’empoisonner, l’emportent chez elle : elle est actuellement en soin à l’hôpital. Il y a plusieurs témoins présents, sans compter l’accueil à l’hôpital.

Les délégués écrivent au maire, nous publions leur lettre sur ce site, accompagnée d’une mise en perspective : les risques de gestes irréparables (acte violent d’un agent contre un autre ou contre lui -même), dûs à un climat de plus en plus insupportable, sont signalés depuis deux ans dans les rapports annuels, de plus en plus alarmants, de la psychologue du travail et de la médecin du travail au Comité technique Paritaire et au Comité d’Hygiène et de Sécurité. Outre les très nombreux arrêts maladie, le harcèlement a déjà abouti à un autre suicide

La réaction du maire F. le Bohellec

Aussitôt, le maire réagit par un courriel adressé à tous les conseillers municipaux, titré :

"Information du Maire - Pseudo "tentative de suicide" .

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Municipal,

j’ai eu connaissance ce matin de propos particulièrement déplacés à l’égard de notre administration.
Je note par ailleurs qu’une certaine opposition assume désormais la fonction d’attachée de presse de la CGT puisqu’elle assure une diffusion internet des communiqués syndicaux plus rapide encore que le syndicat lui-même !

Devant ces écrits particulièrement mensongers sur une supposée « tentative de suicide », du harcèlement et j’en passe et des meilleures, j’ai demandé, en lien avec Laurence Loudière, à la direction des ressources humaines, de nous proposer un communiqué de presse visant à rétablir la vérité. Je porte ce communiqué de presse, factuel et administratif, à l’attention de chacun et je souhaite que les propos mensongers qui ont été tenus publiquement soient retirés."

Et voici ce communiqué intitulé « La Ville de Villejuif communique sur la rumeur de « l’agent en souffrance » ».

(Rappelons qu’une lettre, même électronique, et un communiqué d’un maire sont des « écritures publiques » susceptibles d’être regardées comme « faux »…)

Invraisemblable cruauté : non seulement le maire n’exprime aucune sympathie pour une personne qui vient de tenter ce geste fatal, non seulement il ne félicite pas les agents qui l’ont sauvée, mais il « l’enfonce », la traite de menteuse, ainsi que les délégués du personnel et les agents de la Direction des Ressources Humaines qui l’ont secourue, et nous traite, nous Avenir à Villejuif d’ « attachés de presse de la Cgt » !

Pourquoi tant de haine ?

Le communiqué du maire est visiblement bidon : alors que le maire dit dans son mail « J’ai demandé de me préparer un communiqué », le communiqué se présente, lui, comme le résultat d’une « enquête administrative » (procédure lourde qui demande plusieurs jours au moins).

Mais il livre la clef de l’affaire : Mme X est… syndicaliste, déléguée du personnel, justement au Comité d’Hygiène et de Sécurité ! Tout s’explique…

Mme X fait donc partie des victimes de « la chasse aux sorcières » (que l’ancien Directeur général des services avait refusé de pratiquer), selon la méthode illustrée jadis par France Telecom : harceler les agents jusqu’à ce qu’ils démissionnent. Attention ! Le but n’est pas qu’ils se suicident ! Mais hélas, ça arrive : nous en avions publiquement discuté avec M. Obadia en conseil municipal, à propos des rapports alarmistes de la médecine du travail.

Le communiqué du maire a l’effet inverse de ce qu’il espérait : il alerte la presse, qui en Val-de-Marne fait son travail. La journaliste du Parisien prend le temps d’enquêter : elle confirme tout, livre des témoignages poignants sur le « Le mal-être des employés municipaux ».

Piteusement, « l’entourage du maire » répond le lendemain : « Oui, il y a quelques problèmes limités, mais pour ces quelques agents une consigne d’accompagnement ciblée […] a été mise en place. »

Ciblée ?? En effet !

Quant à nous, nous ne retirons rien de notre article précédent. Il n’avait rien de mensonger et contrairement au communiqué du maire qui désigne le service où se déroule le conflit, notre article était strictement « anonymé ».

Nous renouvelons nos encouragements à Mme X pour qu’elle récupère rapidement équilibre et joie de vivre, et nos félicitations aux délégués du personnel qui ont eu la présence d’esprit de la sauver.

En 2014, nous avions participé à une Union citoyenne, conscients de l’existence de tensions dans le personnel. L’Union citoyenne prenait des engagements vis-à-vis d’eux : il vaut la peine de les relire.

Trois ans plus tard, 3 sur 4 des têtes de listes ayant participé au grand espoir de l’Union citoyenne ont été « dégagées » par Franck le Bohellec, qui gouverne désormais Villejuif avec encore plus de brutalité qu’auparavant.

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