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17 novembre 2015
Alain Lipietz

Solidarité et débats face à l’incendie de la mairie de Villejuif

Rassemblement unanime hier sur la parvis de la mairie. Le maire de notre ville jumelle , Mirandola, nous écrit. Les débats en ville.

Hier à midi, les Villejuifois ont profité de la minute de silence nationale en hommage aux morts parisiens du vendredi 13... pour se réunir devant le mairie incendiée. Nous avons tous ensemble (que nous soyons pour l’ancienne majorité ou pour la nouvelle) entonné la Marseillaise à l’issue de cette minute de silence, qui avait été précédée par le glas de l’église. Puis nous nous sommes dispersés par petits groupes pour discuter… tout en restant sur le parvis.

La situation devient ridicule. Nous avons tous envie de nous retrouver ensemble, de nous parler, de nous réchauffer les uns aux autres. Et la préfecture, appliquant à la lettre les consignes gouvernementales d’interdiction des rassemblements sur la voie publique (censée nous protéger contre un mitraillage terroriste) nous empêche de nous réunir officiellement, nous obligeant à ces simulacres de rassemblement... Finalement, faudra-t-il aller aux messes à Notre Dame ou aux matchs de foot pour se retrouver ensemble, affirmer notre commune humanité face à la barbarie ? Pour débattre ?

Car des débats, il y en a. Et c’est bien. Tous les psychologues le disent : face aux traumatismes, il faut parler, se parler. Face aux rumeurs, il faut être le plus transparent possible. Face aux incertitudes, il faut organiser le débat pour éviter les amalgames et les conclusions hâtives. Telle sera l’attitude de L’Avenir à Villejuif.

Voici par exemple le message de solidarité de notre ville jumelle italienne, Mirandola, frappée en 2012 par un tremblement de terre. Villejuif s’était à l’époque montrée très solidaire. Je traduis :

« La municipalité, au nom de la communauté de la Cité de Mirandola, tient à manifester sa profonde solidarité face aux épreuves des amis de la cité de Villejuif et de tout le peuple français, ainsi horriblement frappés par la féroce barbarie terroriste. La cité de Mirandola est à vos cotés, sincèrement solidaire dans ce triste moment d’outrage à la civilité et à la coexistence pacifique entre les peuples." ­

Message touchant, pour lequel nous remercions chaleureusement la mairie de Mirandola. Mais, en semblant mettre dans le même message les événements de deux nuits successives, savait-elle (lundi matin) que notre mairie avait brulé, ou s’agissait-il simplement d’une allusion aux attentats de Paris ? Il faut bien mesurer que partout ailleurs qu’à Villejuif, quand on dit « Notre mairie a brulé dans la nuit de samedi », la première réaction de nos interlocuteurs est d’inscrire cet événement dans la suite de ceux de la nuit précédente, les attentats de Paris et Saint-Denis : « Vous aussi ! Mais pourquoi la presse n’en parle pas ? »

Certes, selon Le Parisien, pour le parquet de Créteil, l’hypothèse de l’attentat à Villejuif tient la corde. Mais – toujours selon Le Parisien — c’est plutôt la filière « villejuifoise » qui est privilégiée par la police : ce serait la suite des nombreux attentats, contre les écoles Jean Vilar et Lamartine, contre des voitures de la mairie, et qui d’ailleurs continuent. Et donc implicitement contre la nouvelle municipalité. Et donc, sur les trottoirs de Villejuif, un doigt accusateur est dressé contre les partisans... de l’ancienne majorité.

D’où l’agacement de Madame Cordillot, qui nous demande de protester énergiquement contre tels ou tels messages sur les réseaux sociaux (voir par exemple 94 Citoyens). Ce que nous lui accordons bien volontiers ! Dès la nuit même de l’incendie, revenant d’avoir partagé quelques pommes avec les agents qui veillaient notre mairie outragée, nous appelions à ne pas sauter sur la première piste venue, car l’éventail des possibles reste très large. Rien ne privilégie ou n’exclut, actuellement, la thèse prêtée à la police, ni la piste d’un jihadiste isolé s’accrochant aux attentats de la veille, ni celle de la pure bêtise, ni celle de l’accident.

Une explication fait en tout cas l’unanimité : si l’incendie est bien criminel, et quels que soient les motifs de l’incendiaire, son acte témoigne d’une profonde bêtise. Hélas, vaste programme pour les enquêteurs.

Et surtout , retrouvons la belle unanimité qui nous fit rejeter, au lendemain du meurtre d’Aurélie Chatelain, toute poussée d’hostilité à l’égard de nos concitoyens musulmans ou d’origine sud-méditerranéenne.

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