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30 mars 2016
Alain Lipietz

Où en est la géothermie à Villejuif ?

Ça a pris du retard, mais ça marchera cet automne. Retours d’expérience intéressants !

La géothermie à Villejuif, c’est une bagarre commencée il y a bien longtemps par les écologistes. La ville d’Orly était alors à l’avant-garde, et son maire Gaston Viens a soutenu mon élection, en 1992, pour les Verts, au conseil régional. L’Haÿ et Chevilly s’y sont mis, et ont créé le Syndicat intercommunal de la Géothermie (SyGéo), géré par un service public local, la Semhach, le plus grand d’Europe. Mais ça n’intéressait pas du tout les communistes de Villejuif.

Au bout de trente ans, le SyGéo a eu besoin d’un troisième puits, le temps de « chemiser » les siens : les tubes d’acier qui vont chercher de l’eau chaude (infecte) dans une couche géologique du Jurassique subissent une corrosion. On prolonge leur vie en glissant une « chemise » à l’intérieur. L’Haÿ et Chevilly ont réussi à convaincre l’équipe Cordillot de se joindre aux deux autres villes, et une troisième station a été mise en chantier rue Jean-Baptiste Baudin.

(Voir sur ce site une introduction à la géothermie, et les problèmes posés à Villejuif, ici).

Deux grands chantiers

Déjà, quelques immeubles collectifs des Lozaits et le collège Karl Marx se branchaient sur le réseau existant de L’Haÿ, mais le réseau s’arrêtait rue de Verdun. Il y avait donc deux grands chantiers à prévoir (outre le rechemisage des premiers puits) :

1. Construire une usine rue J. B. Baudin autour du puits de Villejuif

Cette usine comprend bien sur le puits : c’est fait ! Il en fait s’agit d’un doublet de puits : l’un va chercher l’eau du Jurassique, l’autre l’y ré-injecte. Ensuite il faut installer :

-  les pompes (l’eau du Jurassique n’est pas sous pression suffiante, elle ne "jaillit" pas toute seule, et il faut ensuite la forcer à redescendre dans la craie),
-  un échangeur, c’est à dire une sorte de gros radiateur où l’eau du Jurassique échange sa chaleur avec le circuit d’eau chaude qui va circuler dans Villejuif,
-  des pompes pour ce circuit de surface,
-  et enfin une « pompe à chaleur industrielle ».

L’usine sera dotée d’un jardin potager pour les scolaires et d’une salle de réunion ouverte au public du quartier.

A quoi sert cette « pompe à chaleur industrielle » ? C’est une innovation ! L’eau chaude du Jurassique arrive entre 75 et 80°. Elle réchauffe, à travers l’échangeur, le circuit de surface. Ce circuit dessert les bâtiments de Villejuif, où il échange à son tour sa chaleur avec le circuit d’eau chaude de chaque bâtiment. Donc l’eau devient… tiède. Il faut la réchauffer, sur le circuit, par des chaudières intermédiaires, à gaz : on en voit une à l’arrière de la place Rodin. L’idée est de récupérer, grâce à la pompe à chaleur, le reste de chaleur qui revient à l’usine par le circuit de surface, afin de réchauffer (au delà de 80°) l’eau au départ de ce circuit. L’eau du Jurassique est enfin réinjectée plus froide vers les entrailles de la terre, où elle se réchauffera gratuitement.

Le système de géothermie ne fonctionne donc pas seulement avec la chaleur gratuite de l’eau du Jurassique : il consomme de l’électricité pour les pompes et du gaz dans les chaufferies intermédiaires. Sur les deux premier puits il y a même une turbine à gaz pour surchauffer l’eau au départ du circuit de surface.

La pompe à chaleur, comme celle d’un réfrigérateur, consommera de l’électricité pour transférer de la chaleur de l’eau tiède de retour vers l’eau plus chaude de départ (alors que dans l’autre sens ça se ferait tout seul : c’est une loi de la thermodynamique, on n’y peut rien !) Mais son rendement sera supérieur à 4, c’est à dire qu’elle transférera au circuit quatre fois plus d’énergie « utile » sous forme de chaleur qu’elle ne consommera d’électricité, comme dans les pompes à chaleur domestiques. C’est autant d’économisé sur le gaz des chaudières !

2. Raccorder l’usine de Villejuif au réseau existant, rue de Verdun, puis mettre en place le réseau de surface de Villejuif. Et ça, c’est en général des tranchées dans nos rues ou nos trottoirs.

Deux gros retards…

On vous a raconté ici les ennuis avec le forage des puits. Ce n’est pas ce qui a causé du retard.

Le premier problème est venu de la construction de l’usine : on s’est aperçu qu’il y avait une « grotte » dans le gypse du sous-sol. C’est le problème de tout Villejuif. Ces grottes ne sont pas forcément d’anciennes carrières oubliées, elles se forment aussi toutes seules. Enfin bref, il a fallu consolider les fondations de l’usine, en injectant du béton, ce qui a démoli encore plus la rue JB Baudin.

Second problème : la coordination des travaux du réseau de chaleur avec ceux du métro, avenue Louis-Aragon.

Nommé vice-président du SyGéo et de la Semhach, j’avais dès septembre 2014 demandé au maire F. le Bohellec, par ailleurs vice-président en charge de la voirie au Val de Bièvre, une réunion commune avec la Géothermie, pour avoir fini tous les chantier de raccordement à travers la voirie avant octobre 2015, date du début des travaux du métro, afin de ne pas paralyser tout Villejuif. Je pensais alors que la bonne entente qui régnait au début au sein de l’Union citoyenne permettrait d’aller très vite.

Hélas ! F. le Bohellec a trainé les pieds jusqu’en janvier 2015, et les décisions prises alors ont été aussitôt après invalidées. Puis le maire adjoint à la circulation (Jorge Carvalho, Modem de la liste le Bohellec) a décidé que ça ne me regardait pas, et laissé trainer jusqu’en juillet. Mais il était alors trop tard. En outre, le sous-sol du carrefour Verdun-Grosménil-PVC étant saturé par d’autres réseaux, il a fallu faire passer les tuyaux par le collège Guy Môquet.

Du coup les travaux rue de Verdun ont commencé à la rentrée 2015, ajoutant leur désordre à ceux de Louis-Aragon. Et il reste à faire la tranchée de Guy Moquet au carrefour Grosménil, en remontant l’avenue Paul Vaillant-Couturier… qui est une voie départementale. Et, alors qu’on comptait finir ce raccordement à Noel, le Département, communiste, a refusé, sous prétexte de ne pas couper en même temps les deux axes est-ouest, PVC (la D 161) et Louis-Aragon (la D 148) ! Ce qui arrivera forcément un jour.

Du coup, comme de toute façon l’usine est loin d’être prête, on préfère attendre les prochaines grandes vacances pour défoncer les rues.

… et deux grandes leçons !

Ainsi, la mauvaise volonté entre partis politiques, s’ajoutant aux contraintes techniques, a entrainé un retard considérable et gêné énormément les Villejuifois et automobilistes en transit.

Tout s’est passé comme si les élus « le Bohellec » cherchaient à diminuer le rôle des élus « Avenir à Villejuif  », et les élus communistes du département à embêter le maire « LR » de Villejuif, au lieu de considérer que TOUS les élus sont au service de TOUS les habitants, chacun apportant son petit possible.

Du coup, les vieux puits de Chevilly et L’Haÿ ont été « rechemisés » sans que celui de Villejuif ne soit prêt. Les travaux ont eu lieu l’été-automne 2015. Et alors, comment a-t-il fonctionné, le circuit de la Semhach, pendant que les puits était arrêtés ? Car il fallait bien fournir de l’eau chaude aux robinets, et chauffer les logements à partir d’octobre !

Eh bien, « la géothermie » a fonctionné… au gaz, sans géothermie. Comme on l’a dit plus haut, il y a sur le circuit des chaufferies d’appoint au gaz, normalement inutilisées en été. Pendant un tiers de 2015, tout ce circuit de chauffage urbain a fonctionné au gaz !

Et cela s’est traduit aussitôt dans la facture de 2015, apportant une démonstration en vraie grandeur que la géothermie reste, et de loin, moins chère que le gaz, malgré la baisse provisoire du prix du gaz (dû au bradage du gaz de schiste américain et à la crise des « pays émergents », dont la Chine).

La facture de la Semhach est en 3 parties, dont un tiers pour le prix de l’énergie, les deux autres pour l’amortissement du coût des installations. On l’a vu, l’énergie de la Semhach c’est : de la géothermie, qui ne coute rien, du gaz et de l’électricité. Du fait de l’interruption de toute géothermie pendant plusieurs mois, la facture annuelle de la partie « énergie » a bondi de 30 % ! Du coup les factures totales ont grimpé de 10 à 15 %. Mais ça reste moins cher que si le réseau urbain de chaleur avait fonctionné au gaz toute l’année.

Bon, ça s’arrangera vite. Les vieux puits sont repartis. Le chemisage (c’est à dire l’introduction d’une nouvelle couche à l’intérieur des tuyaux existants) a été fait, non en acier, mais en composite. Une première mondiale, surcoût financé à 70% par l’ADEME. On pense que ça tiendra plus longtemps. Ca diminue un peu le diamètre de tuyaux… Mais, ô miracle de la dynamique des fluides et de la turbulence, l’eau du Jurassique glisse mieux le long du composite que le long de l’acier, et le débit n’a pas diminué !

Bref, depuis le début de 2016, on est revenu à 50% de géothermie dans le réseau. Maintenant que le printemps arrive, on n’a pas vraiment besoin du puits de Villejuif. Et en octobre prochain il sera branché sur le circuit.

Mais l’usine ne sera pas tout-à-fait finie : la pompe à chaleur ne sera pas encore en service. Tant pis, on commencera quand même à utiliser « l’eau Jurassique de Villejuif ». A ce moment-là, la part de la géothermie (gratuite) atteindra les 62 %. Puis la pompe à chaleur entrera en route et en 2017 : on approchera les 75 % de géothermie gratuite…

Contribution majeure de Villejuif, avec le plan vélo, à la lutte contre le changement climatique !

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