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Conseil municipal de février 2019 (3)

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26 février 2019
Alain Lipietz

Gymnase Paul-Guiraud : reprise des manœuvres immobilières ?

Le conseil valide une grosse opération de construction d’un gymnase, dans des conditions douteuses. Une partie de l’opposition (dont nous) saisit le Préfet.

Au menu de ce conseil-croupion, une série de votes précisant des opérations immobilières déjà connues (voir le point sur la bétonisation de Villejuif, ici). Mais surtout le vote d’un gymnase sur des terrains cédés par l’hôpital Paul-Guiraud, pour un coût de 7,2 millions d’euros, et la définition d’un concours d’architecte. Sauf que tout cela est déjà lancé depuis des mois !

L’opération Paul-Guiraud

L’Hôpital, c’est connu, a besoin d’argent. Paul-Guiraud vend donc une partie de ses terrains, notamment des jardins qui concourraient à la santé mentale des usagers de cet hôpital psychiatrique. C’est dommage, et nous, l’Avenir à Villejuif, avions fait part de nos inquiétudes dès 2014, en réponse à un questionnaire adressé par les habitants du quartier pavillonnaire avoisinant. Voyez ici la réponse détaillée de Natalie Gandais. On peut remarquer que, devenue en 2014 première adjointe en charge de l’urbanisme, elle a respecté scrupuleusement ses engagements, notamment dans la définition du projet immobilier qui allait devenir Botanic Park, du nouveau PLU et de la « zone 30 » en centre-ville ! Surtout, nous nous opposions à la fermeture de Paul-Guiraud, car nous ne pensons pas qu’il y ait "trop d’hôpitaux à Villejuif" : ils assurent 1/3 des emplois des Villejuifois.

Bon, Paul-Guiraud ne sera pas fermé (pour le moment), mais vend des terrains à Vinci. Et, après le départ de Natalie Gandais de la majorité, en cède une partie à Villejuif, à des conditions inconnues de nous, pour construire un gymnase. Ça ressemble beaucoup au projet Halle des Sports de l’avenue K.Marx, sauf que le terrain n’appartenait pas à la Ville et que l’architecte (le « maitre d’œuvre ») ne sera pas nécessairement le même que celui de la résidence Botanic Park : il s’agit de deux opérations différentes.

Et pourtant…

En septembre 2018, Natalie Gandais, enquêtant sur les nouveaux développements du scandale de la Halle des Sports, remarque que le maire a accordé, pendant l’été, au même architecte que Botanik Park (le cabinet Hulak), la maitrise d’œuvre du Gymnase Paul-Guiraud. Il avait bien lancé un appel d’offre, mais — selon lui — un seul architecte avait répondu. Étrange. Et Natalie Gandais apprend qu’en fait un concurrent évincé a protesté : la mairie lui a répondu par des excuses, et qu’un dysfonctionnement de la plate-forme internet l’avait injustement écarté… Du coup, elle évoque l’affaire au Conseil municipal du 28 septembre 2018. Le mois suivant, le maire, coincé, annonce qu’un nouvel appel à candidature d’architectes va être relancé.

C’est ainsi que, pour la première fois, le maire présente, dans le rapport 211 de ce conseil municipal de février 2019, ce qu’il propose comme gymnase (son prix, ce qu’il y aura dedans), avec l’organisation du concours d’architecte, y compris les primes de dédommagement des candidats non-retenus. Voici le rapport :

Tout a l’air maintenant très correct ?

Sauf que, d’abord, le conseil municipal n’avait jamais discuté d’un tel projet. Nous ne sommes pas contre : on aurait simplement aimé en discuter, préciser sa taille, les sports à privilégier, etc. Car 7,2 millions, ce n’est pas rien. Et surtout la procédure suivie nous inquiète. Donc, ne pouvant ni voter contre (nous sommes POUR un nouveau gymnase), ni voter pour (s’il y a une grave magouille derrière, le maire pourrait nous reprocher de l’avoir votée), nous nous abstenons.

On dira : ben justement, le maire vous le propose aujourd’hui, ce projet, non ? Et il propose la procédure pour attribuer le contrat à un architecte.

Sauf que, voilà, voilà, tout était déjà décidé par le maire… il y a deux mois, le 14 décembre : et le contenu, et le budget pour la construction du futur gymnase ! Et ce programme était proposé tel quel aux architectes dans le cadre d’un concours prévoyant tout ce qu’on nous demande de voter maintenant, c’est à dire 2 mois après que le coup soit parti… C’est ici, sur le site des appels d’offre de marchés publics de Villejuif ! Voici cet appel d’offre :

Bon, dira-t-on encore, mais ce n’est que la régularisation d’un oubli, n’est-ce pas ? F. le Bohellec a tendance à oublier qu’il n’est pas tout à fait Maitre du Monde, que les élus existent : le service juridique lui aura peut-être rappelé la loi, qui veut que le maire ne puisse traiter un marché public qu’APRES que le Conseil municipal ait défini ce que la Ville compte s’offrir ?

Sauf que ce nouvel « oubli » (après l’oubli d’un candidat l’été dernier !) semble s’insérer dans une procédure aussi trouble que le choix de l’architecte de la Halle des Sports de l’avenue K. Marx. Pour le gymnase à Paul-Guiraud, le jury sera composé de la Commission d’appel d’offre de Villejuif et de trois « personnalités qualifiées » choisies par le maire… alors que les avant-projets sont déjà rendus depuis janvier, et 3 candidats déjà pré-sélectionnés. Bref, le maire peut décider à lui tout seul quel architecte sera choisi, et sans doute a-t-il pu l’avoir choisi dès le mois de décembre... et pourquoi pas le même que celui de l’été dernier !

Que faire ? Si délit de favoritisme il y a sous roche, il n’est pas consommé : rien n’a encore eu lieu de pénalement condamnable, il n’est pas temps de s’adresser à la Procureure de la République. Mais tout se passe comme si, d’étrange « dysfonctionnement informatique » en étrange oubli, une opération sournoise était enclenchée : déjà, on l’a vu, la loi n’est plus respectée.

Ph. Vidal (élu LREM) propose à tous les élus d’opposition un projet de lettre au Préfet, qui a la responsabilité du « contrôle de légalité ». Elle est signée par les 6 élus de notre groupe L’Avenir à Villejuif, les deux élus LREM, l’élue France Insoumise et l’élu FUE (JF Harel). La voici :

Tiens ! et les élus communistes et socialistes (ou dissidents) ? D’ordinaire ils co-signaient toutes les lettres à la Procureure ou au Préfet. Là : non. Trouvent-ils donc la manœuvre du maire normale ? En auraient-ils fait autant ? Bizarre, bizarre.

Nous l’avons dit en 2014, nous le répétons pour 2020 : avant même le souci de la démocratie, de l’écologie et de la solidarité, la question de la probité et de la transparence dans l’usage des deniers publics est essentielle à toute politique d’alliance municipale.

Une p’tite manip à 50 000 euros

A propos de marchés publics… Vous avez remarqué ces affiches bleues où le F. le Bohellec lançait sa campagne pour 2020 autour d’un « Café expresso » ? Comme nous l’avons raconté, lors d’une de ces réunions un militant associatif avait demandé à F. le Bohellec : « En somme vous demandez aux associations de vous écrire votre programme électoral. Combien ça coûte, à nous Villejuifois ? » M. Le Bohellec, sans hésitation : « 25 000 euros ». C’est en effet le montant inscrit dans la « décision du maire » n°75 de l’été 2018 pour organiser les Débats Expresso (ce qui avait fait tiquer Natalie Gandais). Le militant posa la même question au bureau d’étude chargé des Cafés Expresso, qui répondit : « 50 000 euros »…

Où sont passés les 25 000 euros manquant ?

Et bien peut-être ici : le 25 janvier 2019, le maire lance un nouvel appel d’offre pour « Retranscrire les débats des Cafés Expresso ». Il est fort probable que le seul qualifié pour emporter le marché de la « retranscription des débats » sera le même bureau d’étude qui les a organisés et animés. On verra ?

Pourquoi cette petite manœuvre, saucissonner un marché en deux tranches ? Tout simplement pour permettre au maire de rester sous un plafond lui l’autorisant à passer le marché sans demander un vote du conseil municipal. Et pourquoi l’avoir caché au Conseil municipal ? Parce qu’on lui aurait alors fait remarquer qu’il ne doit pas faire financer sa propre campagne électorale avec l’argent des Villejuifois.

Ainsi va Villejuif. Pour encore un an et quelques mois.

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