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24 octobre 2013
Alain Lipietz

Mme Cordillot : « Droite dans ses bottes »

Derrière le scandale de « La Bouée », une conception anti-démocratique du changement urbain à Villejuif.

Jeudi 17, conseil municipal. Une sono déchainée accueille les conseillers. Ce sont les habitants du carrefour Louis Aragon qui veulent leur donner un aperçu de ce qu’ils subissent chaque semaine à longueur d’année.

Et cela, depuis que le squat de La Bouée, sur le carrefour coin nord-est, est devenu une salle de concert sauvage dédiée au rock heavy metal à volume maximum, depuis que les super-basses transpercent leurs murs et leurs poitrines, de longues nuits blanches.

Dans la foule on reconnait aussi beaucoup d’animatrices de la résistance au projet de Zac Aragon, dont Natalie Gandais qui avait eu à ce sujet une algarade fameuse avec le premier adjoint, Monsieur Lebris, il y a six mois...

Mme Cordillot, l’actuelle maire de la ville, apparaît enfin. Isabelle Hamidi, au nom des habitants du quartier, lui expose le problème. Alertée par l’article du Parisien annonçant cette manif, Mme la Maire a préparé sa réponse. C’est une liste de ses lettres aux autorités préfectorales et judiciaires. Le squat, explique Mme Cordillot, s’est installé dans un pavillon acheté par la ville pour la future Zac Aragon, elle était d’accord pour que des artistes s’y installent, mais ils sont partis, laissant la place à ces organisateurs de concerts. « Or, dit Mme Cordillot, on ne peut pas se faire justice soi-même. La Ville étant propriétaire des murs, je suis obligée d’attendre une décision de justice pour les déloger. Je suis droite dans mes bottes, je ne ferai rien de plus que ces lettres. »

Isabelle Hamidi et les habitants face à Mme Cordillot
Prise de bec
Un candidat fait son self branding

Bon, on va pas rentrer dans un cours de droit administratif, mais la Loi est claire : « En matière de police administrative, le maire est chargé de maintenir l’ordre public, défini dans le Code général des collectivités territoriales comme le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques » et sa responsabilité pénale est engagée s’il s’y dérobe. (Pour plus de détails, voir ici le code des collectivités territoriales, article L 2212 et un tas d’autres circulaires accessibles par internet en cherchant « Maire ordre public »)

Dans l’affaire de La Bouée, le Maire n’est pas un vulgaire propriétaire en butte à des squatters. D’ailleurs les habitants du quartier n’avaient rien contre ce squat avec lequel ils ont tenté d’abord d’avoir des rapports cordiaux. Ils ne demandaient pas d’abord de virer les squatters. Ils en ont CONTRE LE BRUIT, entendez vous, Madame le maire ? Et c’est votre responsabilité de le faire cesser maintenant, et pas au moment de l’expulsion.

Mais au delà de cette désagréable anecdote, c’est toute l’ actuelle conception « villejuifoise » des Zac et de l’expropriation qui est en cause. L’équipe de Mme Cordillot veut créer une Zac (une zone d’aménagement urbain concerté entre la Ville et les promoteurs, mais en fait pas « concerté » du tout avec les habitants) à partir du terrain laissé libre par le centre Edf qui partait. Mais l’aménageur (la Sadev) et les promoteurs exigent « une façade sur la Nationale 7 ». Alors, on étend la Zac sur les quelques pavillons et le bel hotel qui gênent les profits de ces messieurs.

Plus exactement, on étend le projet de Zac Aragon sur ces pavillons, et on fait comme si cela conférait déjà à la Mairie et à la Sadev un pouvoir d’expropriation. Mais pour que ce soit possible, il faudrait que la Zac soit déjà déclarée « d’utilité publique ». On en est loin. Il n’y a même pas encore eu d’enquête d’utilité publique sur la Zac, et celle sur le PLU vient de se terminer : l’équipe de L’Avenir à Villejuif a fait des contre-propositions pour ce quartier.

Alors la Mairie et la Sadev font « comme si ». Ils convoquent les habitants, les menacent d’expropriation s’ils ne vendent pas de leur plein gré. Ils laissent pourrir les maisons déjà « expropriées » par ces méthodes, jusqu’à ce que le voisinage devienne invivable, obligeant les récalcitrants à partir. Il y a 20 ans , les habitants des Zac du nord de Villejuif (Pasteur, Barmonts) ont connu cet enfer pendant des années.

C’est sans doute mieux que de démolir ces maisons vides tout de suite et inutilement, surtout si en définitive (grâce aux prochaines élections municipales ?) la Zac ne se fait pas, ou pas dans ce périmètre-là. Les voisins, qui ont souvent bon cœur, ne sont pas hostiles à l’idée de loger des artistes dans ces maisons vides « en attendant ». Mais ils ne s’attendaient pas à devoir renoncer à leur sommeil !

Mais au fait... En attendant quoi ? L’argument n°1 pour ces « expropriations » précipitées est l’arrivée de la Ligne Rouge du métro Grand Paris. Dans le Contrat de développement territoriale (CDT) signé à cette occasion entre la Ville et l’Etat, les projets de Zac Louis-Aragon et Campus Grand-Parc ont failli être fourgués comme des « engagements » de la Ville. Heureusement, l’enquête publique du printemps dernier a permis aux habitants, notamment aux participantes des Ateliers pour l’Avenir à Villejuif, de se mobiliser. La commission d’enquête a conclu que ces Zac ne pouvaient pas être incluses dans le CDT avant d’avoir été approuvées par la procédure normale, et surtout qu’il fallait prévoir le « phasage » entre l’arrivée du métro et les nouvelles constructions.

Et quand arrive le métro Ligne Rouge ? En 2020. Pas de construction avant, disent les commissaires enquêteurs. Alors pourquoi avoir commencé les expropriation dès 2012 ? Pour faire mariner les habitants restants, pendant 7 ans, dans un concert de Heavy Metal ? Et au profit de qui ?

Post -scriptum.

Et l’hotel, vous demandez-vous, l’hôtel qui, avec les pavillons, "barre aux promoteurs l’accès à la National 7" ? L’hôtel avec sa vingtaine d’emplois, travaillant surtout pour les agences de tourisme étrangères ? Eh bien la maire déclare qu’il est "vétuste" et qu’il faut le raser aussi, comme le jardin avec les beaux arbres que son propriétaire a planté lui-même juste à coté, et que la mairie ne l’a pas autorisé à exploiter. Vous pouvez le visiter vous-même, ou regardez sur cette photo : l’hôtel, le jardin, et un pavillon de "résistants". Mais vous êtes rassurés : comme le dit le panneau de la La 7 à vivre, "Les arbres arrivent Boulevard Gorki " !

L’hotel, les arbres et le pavillon gênant

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