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18 mai 2018
Alain Lipietz

Pourquoi L’Avenir à Villejuif appelle à la « Marée populaire » du 26 mai

Toutes les forces progressiste, syndicales, associatives et politiques, nationales et locales, appellent à une manifestation le 26 mai « pour l’égalité, la justice et la solidarité ». Départ groupé devant la mairie de Villejuif à 13 h 30.

Voici le tract, avec les signatures nationales augmentées de celles de Villejuif :

Pour les dernières nouvelles de cette manifestation, consulter son site.

Cet engagement « national » peut surprendre. L’Avenir à Villejuif est une association à buts politiques municipaux. Elle est ouverte à toutes les femmes et hommes de bonne volonté partageant ses valeurs (écologie, solidarité, démocratie). Jusqu’ici, nous avons veillé à ne pas engager l’association au-delà du local, élections départementales comprises. Cette fois il s’agit d’une manifestation mettant en cause la politique du Président Macron et du gouvernement.

Lors des élections de 2017, plusieurs de nos adhérents étaient pour voter E. Macron dès le premier tour (et sans doute tous au second tour) pour éviter un duel F. Fillon – M. Le Pen et ensuite battre M. Le Pen. Puis, les opinions étaient au départ partagées au 2e tour des élections législatives entre D. Arrouche (La France Insoumise) et A. Gaillot (En Marche), mais notre électorat a finalement penché vers D. Arrouche. Voyez l’analyse par bureaux de vote à Villejuif : D. Arrouche l’a emporté, grâce à d’excellents reports, dans les bureaux de vote où l’électorat écologiste était fort au premier tour.

Mais au bout d’un an il est clair qu’E. Macron a complètement oublié qu’il n’a obtenu que 24 % au premier tour et qu’il n’a été élu au second que pour battre M. Le Pen. Il se croit investi comme un monarque élu, libre de faire tout ce qui lui passe par la tête, qu’il en ait parlé ou pas (SNCF…) avant son élection. Et cette politique est socialement « pro-riches » et anti-écologiste.

La plupart d’entre nous a donc personnellement une montagne de critiques sur sa politique nationale, mais cela ne suffirait pas pour que L’Avenir à Villejuif s’engage dans une « marée populaire" contre E. Macron.

Il faut pour cela que la politique de Macron soit hostile à notre programme municipal et hostile à la vie associative. Or c’est le cas.

1. Politique municipale

Elle prolonge purement et simplement sa politique comme conseiller de F. Hollande puis ministre de l’économie de M. Valls : moins 11 milliards de dotation globale de fonctionnement (DGF) pour les collectivités locales sur le quinquennat Hollande, pareil sur le quinquennat Macron. Pour assurer mieux le tour de vis : la destruction de toute autonomie budgétaire municipale par suppression de la Taxe d’habitation (N. Sarkozy avait déjà supprimé la Taxe professionnelle, et ce qui l’a remplacé est attribué au Grand Paris et aux Établissements Publics Territoriaux…. pour le moment) , remplacée par une nouvelle dotation de fonctionnement de l’État, que Macron peut diminuer a volonté, avec un « pacte » de Cahors corsetant la hausse des dépenses, etc. Le programme de L’Avenir à Villejuif devient irréalisable.

Un petit souvenir à ce sujet.

Alors que nous étions encore en Union citoyenne (en 2015), j’ai été invité à déjeuner, à titre d’expert économique, par le cabinet du ministre des Finances E. Macron. J’ai obtenu une aide supplémentaire de l’État à l’apurement des emprunts toxiques contractés par les équipes municipales précédentes, en faisant valoir qu’en ruinant les collectivités locales on provoquerait une crise dans le secteur des travaux publics. Mais quand j’ai soulevé la question de la baisse de la DGF, en expliquant qu’à Villejuif on avait pu s’en tirer la première année en faisant la chasse aux surfacturations (un travail mené de main ferme par la première adjointe Natalie Gandais alors en charge des travaux) mais que ce ne serait plus possible à l’avenir, ils m’avaient regardé avec étonnement : « Mais nous avons supposé que la baisse de la DGF se traduirait pour moitié en hausse des impôts locaux et pour moitié en baisse des dépenses ». Je ne vois plus très bien ce que Macron imagine maintenant, puisque les municipalités ne contrôleront plus que quelques petits impôts : on va vers une crise totale des collectivités locales.

(Pour la petite histoire : le cabinet m’a également demandé à quelle condition EELV dont moi-même accepterions de rentrer au gouvernement. J’ai répondu : « Commencez par arrêter Notre Dame des Landes ! » Ils ont répondu : « Excellente idée, ça fera des économies budgétaires ». Cela s’est fait une fois E. Macron élu. Mais la suite, sur le terrain, est un massacre, à comparer avec Mitterrand abandonnant le Larzac : il a nommé l’Ingénieur des Ponts et Chaussées Pingaud « préfet en mission » pour négocier avec les Zadistes de l’époque, cela a débouché sur des coopératives agricoles ou touristiques avec des baux emphytéotiques.)

2. Politique vis-à-vis des associations

C’est une peu la même stratégie : l’étouffement de l’activité associative et de l’économie sociale et solidaire.
-  Directement : baisse massive des emplois aidés et des subventions.
-  Indirectement : suppression de l’ISF alors qu’il est connu qu’une grande partie du financement des grandes associations (recherche médicale, Fondation de France etc) était assuré par les dons partiellement déductibles de l’ISF.
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On va donc vers une crise massive de l’associatif parallèlement à celle des collectivités locales.

3. Pourquoi cette double politique ?

La réponse routinière de la gauche classique (France Insoumise comprise), c’est : « Macron fait ça en faveur du privé ».

À mon avis cette explication est partielle. Derrière, il y a une philosophie politique que je qualifierais de « haussmannienne », par comparaison avec la restructuration de Paris par le préfet de Napoléon III (Le Canard enchainé dit : « jupitérienne »). C’est l’élimination des corps intermédiaires (pouvoirs locaux, monde associatif) pour ne plus laisser les individus que face au marché et à l’État central. Une élimination de ce qui restait des acquis décentralisateurs de la « deuxième gauche ».

Cela vaut aussi pour les tentatives de réduire les pouvoirs du Parlement (pourtant assez faibles sous la Ve république) et le mouvement syndical. Le journal Libération a tenté de comprendre comment Macron s’est arrangé pour rompre même avec la CFDT sur la SNCF , ce qu’avaient évité J. Chirac et N. Sarkozy. Réponse d’un conseiller de Macron : « Laurent Berger [le « patron » de la CFDT] a une vision horizontale de la régulation de la société. Nous, nous en avons une vision verticale ». Autrement dit : l’État central doit réformer la société par décret.

Ces orientations et cette philosophie sont à l’exact opposé des projets et valeurs de L’Avenir à Villejuif. C’est pourquoi nous signons l’appel local à la « marée populaire ».

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