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30 novembre 2016
Alain Lipietz

Où en est la Semgest ? (2)

Évènementiel : Comment en est-on arrivé là ?

Comment la branche « Évènementiel » de la Semgest a-t-elle pu devenir déficitaire, après avoir connu longtemps des profits insolents ?

Oooh ! C’est une très longue histoire.

L’externalisation des services municipaux

Il y a plus d’un quart de siècle, les communistes gouvernant Villejuif décidèrent d’externaliser au maximum les services publics villejuifois à des sociétés d’économie mixte, ou à des firmes privées. L’eau, les ordures ménagères, la Direction des affaires culturelles (DAC), la restauration scolaire, l’évènementiel, tout était sous-traité, délégué, au lieu d’être confié au personnel municipal.

Pourtant, on voit encore des panneaux à l’entrée de la Ville «  : « Zone hors AGCS » c’est à dire « hors de l’Accord général sur le commerce des services », un accord de l’Organisation mondiale du commerce privilégiant précisément cette privatisation de services publics ? Vaste blague. La Ville de Villejuif était AGCS bien avant l’heure, le paradis des « partenariats public-privé » sous toutes les formes !

Quel intérêt y trouvait le Parti communiste ? Il faudrait le demander aux survivants de cette époque. Sans doute évoqueront-ils la professionnalisation et la flexibilité de ces structures externes (comme si on ne pouvait pas obtenir le même résultat avec des agents de la Ville !) C’est encore l’argument que l’on trouve dans le rapport de la Semgest sur l’Évènementiel (voir la première partie de ce texte).

La population, assez largement, y voyait à l’époque un moyen de « noyer le poisson », de rendre les comptes plus opaques, d’échapper aux appels d’offre, de surpayer des fournisseurs qui en contrepartie passaient de coûteuses publicités dans L’Humanité ou faisaient des « gestes commerciaux » en faveur de la Fête de l’Huma. On a même entendu dire que ces structures extérieures embauchaient des cadres du parti ou des élus d’autres villes...

La Semgest fut donc une de ces « externalisations », démantèlement de l’ancien service des Fêtes et cérémonies, des anciennes cuisines municipales, et de tout ce qu’on pouvait encore externaliser. Un professeur de l’école Lebon à Lamartine, ancien « pionnier » (jeune communiste) nous racontait encore récemment son écœurement : du matériel des écoles communales a été donné à la Semgest, que les écoles doivent aujourd’hui lui louer !

Cependant, les choses ont pas mal changé, car la plus grande partie des services publics les plus coûteux ont été reportés vers l’intercommunal (le Val de Bièvre, et aujourd’hui le territoire Grand-Orly-Seine-Bièvre), d’autre comme la DAC ont été réintégrés dans la municipalité tant c’était « contestable ». Mais il reste la Semgest.

Le boulet des Esselières

La Semgest, société d’économie mixte de droit privé dont la Ville reste très largement majoritaire, a commis, sous la magistrature de Pierre-Yves Cosnier, une énorme erreur : construire, à ses frais, l’Espace Congrès des Esselières. Dès 1995 il est apparu que jamais un tel bâtiment, aussi mal situé et sans parking, ne serait rentable.

En catastrophe, la Ville a racheté le bâtiment (et les dettes), puis l’a affermé à la Semgest. C’est à dire que c’est la Semgest qui l’exploite, moyennant un loyer payé à la ville (85000 euros par an), dérisoire vue la taille et le coût du bâtiment, plus un pourcentage sur les services rendus au « privé » (tout ce qui n’est pas la Ville). Pourtant le directeur de la Semgest trouve encore à se plaindre, page 4 de son rapport, de ces (maigres) redevances, et prétend les déduire du coût de la Semgest pour la Ville, comme si le bâtiment était tombé du ciel et que la Ville n’avait pas à l’entretenir et à l’amortir…

Et en plus, la Ville lui a délégué le monopole de l’organisation des cérémonies. La ville aux 1300 salariés (les grandes années), avec une régie performante, n’a pas le droit de planter une tente, de poser un micro, sans demander à la Semgest de le faire, et c’est cher ! Jusqu’en 2014, la ville alimentait ainsi la Semgest en commandes de services et locations de salles, pour un total bien plus élevé que les revenus du fermage. Ce qui explique les résultats resplendissants de la Semgest, branche Évènementiel.

Quand l’Union citoyenne est arrivée en 2014, nous avons vite compris que cela entravait gravement le mouvement associatif. Les associations se voyaient offrir une salle par an aux Esselières … à 900 euros la soirée au frais des contribuables. La Ville n’en a absolument plus les moyens, d’autant que les dettes héritées de la gestion communistes (emprunts toxiques et portages toxiques), et le terrible coup asséné par le gouvernement socialiste (baisse de 11 milliards en trois ans de la dotation de fonctionnement des collectivités territoriales) asphyxient la Ville pour plusieurs mandats.

Ce n’est pas tant que les services de la Semgest soient trop chers « par rapport au marché », comme la direction de la Semgest tente de nous le faire dire. C’est tout simplement qu’une ville pauvre et endettée n’a plus les moyens de se payer ces services. Toutefois, nous avons fait supprimer ce qui choquait les contribuables, tels les grosses publicités inutiles de la Semgest dans L’Humanité

Les solutions de secours

Nous étions devant ce paradoxe : la Ville possède un bâtiment immense et des services nombreux, mais, pour organiser une fête ou proposer un local pour une réunion associative, elle doit payer à la Semgest une dîme dont elle n’a plus les moyens.

Il ne restait plus qu’une solution : limiter au maximum le recours au budget « Fêtes et cérémonies » passant par la Semgest, et compter sur la débrouillardise du personnel municipal et du mouvement associatif, en lui prêtant gratuitement les salles qui sont restées municipales. Car en étudiant bien la Délégation de service public "Évènementiel" on s’est aperçu qu’il y avait un peu de "jeu" possible par rapport à l’affirmation selon laquelle on ne pouvait rien faire en dehors de la Semgest.

Cette politique a triomphé en 2015, par exemple lors des Villejuif’êtes, du Forum des associations (où il a fallu passer pas mal de choses par la Semgest et ça a couté un bras), ou lors des Nuits Blanches, beaucoup plus "bricolées". Cela marchait tant que les maires adjointes Avenir à Villejuif étaient aux affaires et pouvaient s’appuyer sur la sympathie et l’enthousiasme des associations et du personnel municipal.

De même, quand la Semgest a décidé de supprimer Jazz aux Esselières, nous avons vite bricolé une alternative avec la Maison Pour Tous Gérard Philippe … que nous avions dotée de ses propres chaises ! (Voir ici le débat suscité par cette histoire avec la directrice « Évènementiel » de la Semgest).

Depuis notre départ et la fin de l’Union citoyenne, c’est évidemment plus difficile, car le personnel de la Ville et les associations sont maltraités par la droite… Mais le pli est pris, le "bricolage" bénévole et associatif continue, comme en témoigne la fête de Lamartine 2016.

Financièrement, les économies faites par la Ville se sont traduites par un effondrement des commandes de la Ville à la Semgest : de 1,9 millions en 2012-2013 à 925 000 euros en 2015. Encouragée par son nouveau conseil d’administration, la direction de la Semgest, entreprise de services en évènementiel, a poursuivi avec succès son effort pour vendre ses services à d’autres villes, et louer les Esselières à des stages et salons divers et variés (récemment : le salon des Yaoi, mangas homosexuelles…) ou développer la brasserie des Esselières (fort appréciée : pensez-y si vous êtes dans le coin !)

Mais la politique du gouvernement socialiste pèse sur toutes les villes. Et toutes, comme nous, diminuent leur budget Fêtes et cérémonies. Ce qui explique le déficit du secteur « Évènementiel ».

Et pour l’avenir ?

Bon. Mais il reste que la Semgest est globalement bénéficiaire. Il serait idiot de dire « Les parents paient à travers la cantine, bénéficiaire, le déficit de l’évènementiel. ». Toutes les municipalités font payer la cantine et offrent les fêtes gratuitement ! Si la Semgest était restée dans le giron municipal, on n’aurait pas idée de dire une chose pareille : les recettes et les dépenses d’une ville forment un tout. Seul le découpage instauré il y a bien longtemps et confiant à la Semgest les cantine et les fêtes donne cette impression que les cantines financent les fêtes. Les unes et les autres sont largement payées… par les impôts locaux.

Il n’empêche qu’il faut continuer à lutter contre le gaspillage, afin d’améliorer encore la qualité des services et diminuer les prix. Si l’on veut passer à 60 % de « bio », malgré le refus du maire d’introduire l’option « végé », on ne peut plus se permettre de jeter des repas !

C’est pourtant ce qui se passe : quand les enfant ne mangent pas la viande qu’on leur donne, mais aussi quand les parents ne préviennent pas que leur enfant ne mangera pas ce jour là ! Chaque année 80 000 repas sont achetés et préparés, parce qu’ils ont été commandés, mais les enfants ne viennent pas. Soit une perte de 400 000 euros pour la Semgest (actuellement les parents ne paient que les repas consommés), mais surtout un gaspillage honteux de nourriture.

Ensuite il y aura le problème du renouvellement des deux « délégations de service public », en 2018. Cela posera une série de problèmes juridiques, que je n’ai pas le temps d’expliquer dans ce papier déjà trop long. Il faudra que la population en discute d’ici là.

L’ancêtre de L’avenir à Villejuif, « Villejuif Autrement », avait critiqué dans les années 90 cette séparation des salariés de la Semgest du reste du personnel municipal, et la construction de l’Espace-congrès aux Esselières. Nous n’avons pas changé d’avis : nous considérons que le personnel de la Semgest, qui n’est pas responsable de cette externalisation et de cette erreur, doit aussi être soutenu, solidairement. Nous souhaitons « continuer à travailler ensemble », nous ne voulons pas qu’en 2018 une quelconque multinationale s’empare de nos services publics locaux ainsi imprudemment externalisés par les communistes.

Mais nous ne voterons pas pour une nouvelle délégation de service public qui interdirait à la Ville d’aider une association à organiser une fête à petit prix, ou de rendre des services publics avec ses propres salariés.

*****

La photo en logo de cet article (la façade de l’Espace Congrès des Esselières) a été censurée à la demande d’une salariée de la Semgest, qui s’en estime propriétaire des droits. Nous accédons évidemment à cette demande, qui illustre parfaitement cet article.

Cet article sur la Semgest est en deux parties :

1. Cantines : Où en est la "bio" ?
2. Évènementiel : comment en est-on arrivé là ?

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Commentaires

2 Messages

  • Sophie Grunberg 9 décembre 2016
    14:25

    Monsieur Lipietz,

    J’ai lu avec intérêt votre post intitulé « Où en est la SEMGEST ? » car c’est effectivement une question qui m’anime chaque jour et de ce fait, votre avis m’importait.

    Vous avez eu raison d’en faire un post car comme le dit le dicton populaire « les écrits restent, les paroles s’envolent » et vos propos au conseil d’administration ne semblant pas en totale résonnance avec ce que vous écrivez, cet écrit a donc un intérêt plus précieux encore.

    J’ai apprécié votre rappel de l’historique de cette société et me suis délectée de la mention de la professionnalisation et de la flexibilité des salariés de cette SEM. 

    Oui, il faut être drôlement flexible pour supporter vos féroces coups de boutoir (moi aussi, j’aime bien les expressions surannées, fussent-elles féodales (cf votre « dîme »)).

    Il faut aussi avoir l’égo point trop chevillé au corps pour s’entendre appeler « Le Boulet des Esselières ». Vous me direz probablement que c’est du lieu dont vous parliez ou de la structure mais comme vous le savez, les salariés d’une société ont la fâcheuse tendance de s’identifier au lieu qui les ressemble. Bref, nous avons apprécié cette saillie (qui se voulait peut-être drolatique ?) de votre part.

    Oui, nous sommes flexibles et corvéables à merci et cela vous convient (bien que vous prétendiez le contraire) et oui, cela a un prix.
    Par exemple, mon équipe remet en place quasiment chaque samedi à 8h du matin, la salle du Conseil Municipal (deux techniciens qui ont déjà accompli une bonne semaine de travail et qui, malgré cela, se lèvent à 6h).
    Vous n’êtes pas sans savoir que ce ne sont plus les communistes qui gèrent cette municipalité depuis avril 2014. Pourtant, je constate que ce type de commandes de votre part perdure alors que je vous concède volontiers que des agents municipaux, voire les élus qui occupent la salle le vendredi soir pourraient gérer cette remise en état de la salle sans savoir-faire particulier et sans occasionner de dépenses supplémentaires pour vous.

    Vous écrivez « La ville aux 1300 salariés n’a pas le droit de planter une tente, de poser un micro sans demander à la SEMGEST de le faire et c’est cher ! »
    Depuis votre arrivée aux commandes de la ville, nous n’avons cessé de vous dire que vous pouviez acheter une sonorisation, des tentes, des tables, des chaises et faire installer tout cela par les équipes municipales.

    Vous avez, parmi les agents municipaux, des hommes et femmes de talent, solides et enthousiastes.

    Or, vous avez bien souvent préféré supprimer des événements rassembleurs et joyeux ou laisser les citoyens se débrouiller (cf les kermesses des écoles) plutôt que de mettre en place en interne la logistique qui vous aurait permis de faire perdurer avec panache ces manifestations.
    Ne venez pas nous accuser de ces multiples abandons, soyez honnêtes quant aux motifs qui ont conduits à ces suppressions brutales !

    Vous écrivez « la ville possède un bâtiment immense mais elle doit, pour organiser une fête ou proposer un local payer à la SEMGEST une dîme dont elle n’a plus les moyens ».
    Vous avez raison, cela m’énerverait de payer chaque nuit où j’occupe ma chambre. Cependant, et c’est là où vous ne donnez pas toutes les informations à vos lecteurs, à la différence fondamentale de la ville de Villejuif, je contribue aux charges engendrées par l’occupation de cet espace de vie qu’est ma maison.
    La ville ne paye ni la maintenance du bâtiment, ni les fluides, ni les salaires des gens qui font tourner cet espace. Quant aux travaux que nécessitent un espace tel que le nôtre, nous les payons en grande partie, ayant conscience des coupes claires infligées aux collectivités locales.
    Je vous suggère d’en parler aux municipalités qui supportent les coûts d’un espace événementiel. C’est un gouffre financier !

    Même si les entreprises, les associations et les particuliers qui viennent nous louer l’espace vous gênent aux entournures (cf votre déplorable mention du salon des mangas homosexuelles), l’espace événementiel accueille 400 événements chaque année, génère 1,4 millions d’euros et ce chiffre d’affaire ne vous doit rien.

    Nous sommes fiers de ces événements variés, de ces publics mélangés qui se rassemblent chez nous pour faire la fête, échanger, partager, discuter (yeux dans les yeux, et non sur les réseaux sociaux)…

    Oui, nous sommes actuellement déficitaires car en deux ans (depuis 2014 donc), nous n’avons pas encore complètement compensé la perte du chiffre d’affaire de notre client historique qu’était la ville de Villejuif.
    Nous nous y employons avec énergie mais il nous faut encore un peu de temps et nous tâchons, chaque jour, d’y parvenir…

    Vous finissez votre article sur une déclaration de soutien aux salariés de la SEMGEST (qui n’aura pas manqué de les toucher…) tout en déclarant que vous ne voterez pas pour une nouvelle délégation de service public…
    Nous sommes flexibles mais vous, vous avez le sens du grand écart !
    Nous serions très intéressés par la poursuite de cette réflexion de votre part. Quelles solutions ? Quel avenir pour les salariés de la Semgest (ils sont tout de même 44) ? Quel futur pour cet espace que nous mettons tant d’énergie à faire connaître ?

    Nous sommes à votre écoute… (si possible autour d’une table, yeux dans les yeux, et non sur les réseaux sociaux, nos clients sont notre priorité, facebook et les blogs non)

    Sophie Grunberg
    Directrice de l’agence et de l’espace événementiel Les Esselières.

    NB : Et oui, lorsqu’on prend une photo sans demander l’autorisation de son auteur, cela s’appelle du vol et comme vos études vous l’ont sûrement apprises, le droit d’auteur est inaliénable. Un simple mail de courtoisie eût été si simple…

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    • Alain Lipietz 9 décembre 2016
      19:28

      Chère Madame,

      Merci pour votre intérêt, qui permet de « mettre les pieds dans le plat » et, j’espère, de « vider l’abcès ». Croyez que j’ai sincèrement apprécié votre sincère souci du dialogue.

      Comme vous le dites, « les écrits restent ». Le avantages en termes de professionnalisme et de flexibilité (je n’ai pas écrit « flexibilité des salariés » , mais« flexibilité des structures externes », ici de l’organisation Semgest elle-même, par opposition à un classique « service des fêtes et des cérémonies ») sont longuement détaillés pages 2 à 4 du Rapport Technique et Financier- DSP Évènementiel de la Semgest pour 2015. Si vous l’aviez oublié, vous pouvez le télécharger facilement à partir de mon article, 1ere partie.

      Depuis plus de 25 ans, les écologistes et un certain nombre de syndicalistes de Villejuif se demandent toujours pourquoi ces deux qualités n’étaient pas accessibles aux services de la Ville, pourquoi la municipalité communiste a décidé d’externaliser ces services. Pour contourner un pouvoir syndical excessif ? Il faut le demander aux anciens.

      Vous m’avez en revanche parfaitement lu : le « Boulet des Esselières » ne vise pas les salariés qui y travaillent (et que nous aurions préféré voir conserver le même statut que leurs camarades des services de la Ville), mais le Bâtiment dont les Villejuifois ont dû supporter les dettes pendant 2 décennies, et que tout le monde semble enfin considérer aujourd’hui comme très mal placé, au mieux. Je ne sais si vous étiez à Villejuif à cette époque, mais les vieux Villejuifois se souviennent de l’avoir « vu passer » en termes de hausse des impôts locaux.

      Vous reconnaissez que notre municipalité (et j’y ai fait allusion, en signalant que notre municipalité ne manque pourtant pas d’agents !) a l’obligation de payer la Semgest pour « ranger les chaises du conseil municipal tous les samedis matins ». Il ne vous a pas échappé que, dans 99% des mairies, c’est le travail des agents municipaux, voire des usagers (y compris les conseillers municipaux), à la fin de leurs réunions.

      Ceux qui ont jadis décidé cela, trouvaient-ils aux agents le tort de bénéficier du statut de la fonction publique territoriale ? Vous objectez que nous aurions pu changer cela depuis 2014. Ben non, et ces pages 2 à 4 du rapport de la Semget nous le rappellent avec sévérité.

      Nos sommes ravis d’apprendre que « Depuis votre arrivée aux commandes de la ville, nous n’avons cessé de vous dire que vous pouviez acheter une sonorisation, des tentes, des tables, des chaises et faire installer tout cela par les équipes municipales ». Halleluja ! Je pourrais vous retrouver (car les écrits restent) des déclarations exactement contraires, mais je préfère graver dans le marbre votre déclaration, qui va nous libérer d’un grand poids.

      Comme je le signale dans l’article, nous avons commencé discrètement à acheter « nos chaises » pour le Loto de la MPT, comme les parents d’élèves de Lamartine ont acheté leurs tentes. Mais, comme les terribles pages 2 à 4 déjà citées nous le rappellent, ça fera encore moins de chiffre d’affaires pour la Semgest, et ce sera violer la « contrepartie de la DSP ».

      Vous faites ensuite carrément allusion aux diminutions du budget des fêtes. Encore une fois les écrits restent : vous pouvez constater que la première crise sur ce sujet (en mars 2015) a justement opposé L’Avenir à Villejuif aux 3 autres groupes de la majorité.

      Il reste en effet, et je vous remercie de le reconnaitre ici, que la seule solution pour concilier la diminution drastique de nos ressources (due à la basse de la Dotation de fonctionnement décidée par le gouvernement socialiste et au poids de nos dettes) et le maintient d’un même volume de fêtes aurait consisté à remplacer les services de la Semgest, devenus trop couteux pour nous (pas dans l’absolu), par le travail de nos salariés et la débrouillardise des associations.

      Je vous propose de ne pas discuter ici du sempiternel problème de la répartition des charges d’entretien entre nous, propriétaire, et vous, fermier. Je m’emportais simplement contre la prétention, sous jacente à votre rapport, à… ne pas payer de fermage du tout, comme si ce « boulet » ne nous avait rien couté et ne nous coutait plus rien. Encore une fois, « Villejuif, ville sinistrée », comme disait Monsieur Cosnier, a dû en plus payer ce bâtiment dont nous aurions fort bien pu nous passer.

      Mais là où je ne vous comprends pas, car il y avait un accord entre nous et la direction de la Semgest, c’est votre critique des locataires privés de vos locaux . Que veut dire ce « votre déplorable mention du salon des mangas homosexuelles » ??? C’est un événement culturel à Villejuif qui a été salué par la presse nationale, cas assez rare. Est ce le fait d’avoir abrité des mangas, ou qu’elles soient homosexuelles, qui vous choque ?

      Vous revenez enfin sur cette histoire de déficit, dont je pensais que mon article avait fait justice. La Semgest EST bénéficiaire, de plus de 200 000 euros, essentiellement dans ses relations avec la ville, ce qui vous paraît peu, mais vous n’imagiez pas la difficulté qu’il y a à trouver 50 000 euros pour des fêtes ou des évènements culturels ! Combien d’Auberges des idées aurions nous pu faire vivre avec pareille somme !

      « Les écrits restent », mais il faut les lire jusqu’au bout ! Je n’ai pas écrit « Nous ne voterons pas une nouvelle délégation de service public » mais (et chaque mot a été pesé, dans la lignée de ma déclaration au dernier conseil d’administration) :

      «  Nous n’avons pas changé d’avis : nous considérons que le personnel de la Semgest, qui n’est pas responsable de cette externalisation et de cette erreur, doit aussi être soutenu, solidairement. Nous souhaitons « continuer à travailler ensemble », nous ne voulons pas qu’en 2018 une quelconque multinationale s’empare de nos services publics locaux ainsi imprudemment externalisés par les communistes. Mais nous ne voterons pas pour une nouvelle délégation de service public qui interdirait à la Ville d’aider une association à organiser une fête à petit prix, ou de rendre des services publics avec ses propres salariés. »

      Cela dit, je ne vous cache pas que l’incident des logos, qui a vu une salariée de la Semgest exiger un droit de regard sur le contenu de nos articles pour autoriser ou non l’usage d’une photo du site de la Semgest, a créé un certain émoi, susceptible de remettre en cause la position de notre groupe. Comme je lui ai répondu sur facebook, il faudra choisir. Ou bien « la Semgest, c’et Villejuif » et donc ses photos appartiennent à tous les Villejuifois (sauf bien sûr si un copyright tiers est utilisé et mentionné), ou bien c’est un prestataire privé comme un autre, et dans ce cas le marché d’attribution de la DSP en 2018 devra se faire en toute transparence, sans aucun « bidouillage » du marché. Et vous avez vu que, soucieux de l’intérêt général des Villejuifois, nous sommes très « incorruptibles » sur ce point.

      Nous sommes donc absolument ravis de votre proposition de rencontre avec notre groupe pour discuter, de façon entièrement libre et exploratoire (c’est à dire que chacun pourra penser tout haut hors de présence de son avocat ;-)) , ce que pourraient être les solutions d’avenir pour la Semgest… en vous rappelant que nous sommes dorénavant dans l’opposition, jusqu’aux prochaines élections ;-) .

      Vous pouvez prendre contact pour fixer un rendez vous via mon mail alain@lipietz.net.

      A bientôt donc, chère Madame.
      Alain Lipietz

      NB Puisque vous me mettez en cause personnellement sur ce point du copyright internet, sur lequel j’ai mené une longue bataille au Parlement européen, sachez que je suis un ardent défenseur du « copyleft » et que mon site http://lipietz.net est sous « Creative common » (comme il est indiqué). Tout le monde peut rerprendre mes textes, fût-ce pour en dire pis que pendre, bien qu’ils soient le fruit de plus de 50 ans de travail, et sans que je crie « au vol » … parce que j’ai eu la chance d’être salarié ou retraité pendant que je les écrivais.

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