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19 décembre 2014
Alain Lipietz

Conseil municipal de décembre : laïcité, sécurité… (1)

Débats longs mais intéressants : sur la sécurité publique avec la création du service médiation et police municipale, mais aussi sur la laïcité, les « PUP », la place Georges Marchais, les emprunts toxiques… On a fini à 2 heures du matin et je ne fais pas tout le compte-rendu d’un coup !

Laicité

On ne s’y attendait pas ! A l’occasion d’un exposé de Fadma Ouchard (maire-adjointe en charge des écoles) sur la rentrée scolaire, Mme da Silva, ex-adjointe PCF de Mme Cordillot, attaque bille en tête sur une lettre aux directeurs d’école, leur recommandant de ne pas forcer les enfants qui ne le souhaitent pas à manger de la viande, « par respect de la liberté de conscience ». Selon elle, cette évocation de la « liberté de conscience » violerait la laïcité !

Mme Oucherd lui répond en citant la convention de l’ONU sur les droits de l’enfant (« le droit de l’enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion »).
Mme da Silva précise agressivement son idée : en fait, elle vise les enfants juifs ou musulmans qui ne mangent pas de viande (alors que de plus en plus d’enfants sont végétariens, tout simplement ! ) et attaque une pétition de l’an dernier demandant ce droit pour les enfants, tout en appelant à manger des protéines végétales pour des questions de santé et de protection de la planète. Quant à notre groupe L’Avenir à Villejuif, elle nous reproche d’avoir soutenu cette pétition, « ce qui n’est pas étonnant, dit-elle, compte tenu de la composition de votre liste. » Vlan.

C’en est trop. Je lui rappelle que la liberté de conscience est le fondement de la République, l’un des grands acquis de la Révolution française qui a émancipé les juifs et les protestants, je l’invite à relire la Déclaration des droits de l’homme, celle de 1789 et celle de l’ONU :
« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. »

Je lui rappelle les discours de Jaurès lors de la séparation de l’Église et de l’État, et le premier article de la loi de 1905 : « Article 1. La République assure la liberté de conscience. »

Je refuse que le PCF prétende interdire aux listes de candidats de compter des « non mangeurs de viande » (juifs, musulmans… ou végétariens ! ) .

Mais je suis d’accord avec elle sur son second point : développer une option « protéines végétales » à la cantine, car l’école doit fournir aux enfants les protéines dont ils ont besoin.

La sécurité.

A l’ordre du jour : un « diagnostic sur la tranquillité », et la création d’un service de la médiation et de la police municipale.

Je m’attendais à un débat de fond, mais non. A part Mme Leydier (Parti de Gauche) qui votera « contre » pour des raisons de prix mais aussi de méthode (elle préférerait attendre le résultat du diagnostic) et de fond (que le développement social des quartiers ne soit pas oublié), à part l’autre moitié de son groupe, M. Marc Badel (MRC), qui votera « pour » sans réserve, les groupes PCF et PS se déclarent plus ou moins d’accord, mais quand même pas « pour ». Eux aussi voulaient une police municipale, mais ça coutera cher et on n’a pas voté le budget, il fallait d’abord un commissariat de plein exercice, etc.

C’est d’ailleurs leur attitude pendant toute la soirée : d’accord avec nous sur le fond, mais pas sur la forme ! Un autre exemple : on doit voter le soutien judiciaire à 3 élus, dont le maire, qui ont été agressés par un dealer lors du rassemblement des habitants place de la Pompe à Pasteur pour « réoccuper l’espace public », et qui ont porté plainte. Bien sûr, toute l’opposition est d’accord que les habitants avaient raison de protester, que c’est mal d’agresser un élu dans l’exercice de ces fonctions, mais… « c’est pas comme ça qu’il fallait faire ». Alors quoi ? Rencontrer d’abord le Commissaire du KB. Ben oui, c’est ce que le maire a fait en premier, d’ailleurs le commissaire était là. Mais le fond de notre pensée, c’est que la tranquillité dépend aussi de la capacité des habitants à dialoguer avec les jeunes : ce n’est pas seulement l’affaire de la police nationale.

Au nom de L’Avenir à Villejuif, je résume en quelques points notre position, bien arrêtée après avoir consulté des spécialistes, et clairement exposée dès le début de la campagne par notre tête de liste Natalie Gandais :

-  Oui, Mme Leydier a raison, il faut traiter le problème de fond, par l’éducation, la création d’emplois, notamment par les habitants eux-mêmes (régies de quartier, etc). Et je salue l’engagement des animateurs des structures ouvertes et des centres de loisir pour essayer d’empêcher des enfants de 10-12 ans de commencer à faire des bêtises (j’ai oublié de saluer aussi les bénévoles de l’aide aux devoirs).
-  Ensuite il y a les incivilités et la délinquance (la frontière est très subjective). Les médiateurs servent à résoudre par la discussion les conflits qui en résultent avec les habitants. Ce ne sont pas des policiers.
-  Enfin il y a la police. Avec ses deux fonctions : « police administrative », celle qui maintien l’ordre public avant que les délits ne se produisent, par leur présence, mais aussi parfois leurs médiation, ou leurs sanctions. Et la police « judiciaire », répressive, qui intervient après le délit commis.
-  Et alors, faut-il que la police soit tout entière nationale ? C’est Pétain qui a fusionné les polices municipales (on les appelait « sergents de ville », qu’on appelle maintenant « ilotiers ») et la police nationale. Petit à petit la police nationale n’a plus fait que du répressif, avec les « Brigades Anti-Criminalité ». Du coup, ces BAC ont tendance à traiter les jeunes des quartiers comme s’ils étaient déjà des délinquants.
-  Si on veut une police qui prévienne les délits, il est vain d’attendre que Manuel Valls nous la paie, il faut se la payer nous même : une police municipale. On ne va pas attendre pendant un quart de siècle supplémentaire un commissariat à Villejuif avec des ilotiers : il n’y en aura pas.
Dans sa conclusion aux débats, Franck le Bohellec précise qu’il va demander au directeur des services une évaluation de l’articulation centres de loisirs / structures ouvertes (un débat compliqué et ancien, on en reparlera).

Bilan des votes : les communistes présents et Mme Leydier votent contre, les socialistes s’abstiennent, l’Union Citoyenne et M. Badel (MRC) votent pour.

La suite au prochain numéro !

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